Le mouvement Fatah, pilier de l'Organisation de libération de la Palestine, représentant légitime et unique du peuple palestinien, n'a rien perdu de sa splendeur et de sa popularité au sein des Palestiniens. Un véritable raz-de-marée jaune, couleur de la bannière du Fatah, a déferlé dans les rues des villes de la bande de Ghaza, hier matin, à l'occasion de la commémoration du 48e anniversaire de son lancement. Ghaza. De notre correspondant Des dizaines de milliers de Palestiniens arborant autant de bannières jaunes du mouvement Fatah et des drapeaux palestiniens se sont rassemblés sur la place Essaraya, baptisée place Chahid Yasser Arafat, en plein centre-ville de Ghaza. D'après nombre d'observateurs, le rassemblement – organisé par le Fatah après plus de 5 ans d'interdiction par le mouvement Hamas qui contrôle l'étroite bande côtière depuis le 14 juin 2007, suite à un putsch armé – est le plus gigantesque jamais tenu en Palestine. Le nombre de citoyens, hommes femmes et enfants de tous âges, a dépassé le demi-million, c'est-à-dire le tiers de l'ensemble de la population ghazaouite, estimée a 1,7 million, ce qui est un record. Quatre rues principales de la ville de Ghaza, qui rallient le centre-ville, ont été complètement inondées par les partisans du Fatah, dont le nombre et l'obstination à participer au festival, tenu sous le slogan «Festival de l'Etat et de la victoire» (victoire diplomatique au sein de l'ONU et victoire militaire à Ghaza), quelles que soient les difficultés logistiques. Ce rassemblement a surpris tout le monde, y compris les dirigeants du Fatah. Des milliers de citoyens du sud de la bande de Ghaza, surtout de la ville de Rafah, sont venus à Ghaza pour la première fois, dans des embarcations de pêche. Ils ont préféré la voie maritime (qui peut être dangereuse à cause de l'omniprésence de la marine de guerre israélienne) à la voie terrestre où les moyens de transport s'étaient avérés insuffisants au déplacement de ces masses humaines. «De ma vie, je n'ai jamais vu ni assisté à un rassemblement aussi immense en Palestine ; c'est une grande surprise même pour la direction du Fatah», a déclaré Rebhi Mhana, membre du bureau politique du Front populaire de libération de la Palestine à la télévision palestinienne, qui a retransmis en direct ce qui a représenté l'évènement le plus important après la guerre des 8 jours de novembre 2012. A noter que les activités de la télévision palestinienne à Ghaza ont repris de façon remarquée depuis la fin de la dernière guerre israélienne contre Ghaza, du 14 au 21 novembre, qui avait fait 180 morts et près de 2000 blessés, en majorité des civils. Nabil Chaath, membre du comité central du Fatah a déclaré que «66% de la population de la bande de Ghaza a participé au festival du Fatah». Abou Abdallah, 46 ans, habitant le quartier Ennasr, à l'ouest de la ville de Ghaza, officier de police relevant de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, sans travail depuis le putsch armé de 2007, s'est rendu sur la place Chahid Yasser Arafat en compagnie de sa femme et de ses deux filles de 15 et 13 ans. Il était particulièrement mu : «J'ai les larmes aux yeux parce que c'est l'un des plus beaux jours de ma vie. C'est la renaissance, à Ghaza, du mouvement dans lequel je milite depuis mon adolescence, quand j'étais encore en Libye. On a voulu faire croire que le mouvement Fatah était mort et enterré, mais les fathaouis ont répondu aujourd'hui et de la meilleure manière à tous les détracteurs, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur de la Palestine. A présent, au Hamas de réviser sa conduite envers le mouvement et ses militants. Nous voulons l'union et nous avons toujours milité pour la réaliser. Les masses rassemblées aujourd'hui ont représenté un véritable référendum en faveur de la politique suivie par la direction, qui a réussi dernièrement à arracher le statut d'Etat non membre à l'Organisation des Nations unies, pour la Palestine, malgré l'opposition des Etats-Unis et d'Israël. Nous sommes fatigués des slogans, nous voulons concrétiser quelque chose pour notre peuple et notre cause et nous le ferons, Inch'Allah.» Discours de Mahmoud Abbas depuis Ramallah Le président de l'Etat palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, a prononcé un bref discours depuis son siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée, via la télévision palestinienne. Après avoir salué le courage de la population ghazaouie et rappelé que le Fatah est né à Ghaza en 1957, huit ans avant son lancement officiel, le 1er janvier 1965, il a insisté sur l'union nationale et a souhaité être très prochainement parmi la population, dans l'enclave palestinienne qu'il n'a plus visitée depuis juin 2007. «La victoire est proche et nous vous rencontrerons à Ghaza dans un proche avenir», a dit Mahmoud Abbas. «Ghaza est le premier territoire palestinien débarrassé de l'occupation et de la colonisation et nous exprimons notre volonté d'une levée du blocus pour qu'il soit totalement libre et relié au reste du pays», a ajouté le président palestinien. De son côté, le mouvement Hamas, qui a autorisé la tenue de ce grand festival, pour la première fois depuis qu'il contrôle la bande de Ghaza, a exprimé, dans un communiqué, sa satisfaction quant au climat d'unité actuel. Le Hamas a félicité le Fatah pour cet anniversaire, qu'il «considère comme une célébration de l'unité nationale et un succès pour le Hamas comme pour le Fatah», ajoutant que «cette atmosphère positive est une étape sur la voie de la restauration de l'unité nationale». Malheureusement, le festival a été endeuillé par la mort d'un jeune fathaoui de 20 ans, électrocuté alors qu'il tentait de trouver une place, pour visionner le festival, sur un poteau électrique proche de la place Chahid Yasser Arafat. A signaler que 35 personnes ont été blessées dans des accidents dus à des bousculades, vu que la place s'est avérée trop exiguë pour contenir une foule aussi dense.