La commémoration du troisième anniversaire de la disparition de Arafat survient alors que les Palestiniens sont divisés. Voici trois ans disparaissait le président palestinien, Yasser Arafat, dans un hôpital parisien à la suite d'une maladie dont les causes exactes demeurent, à ce jour, mystérieuses. Des responsables palestiniens avaient, rappelle-t-on, accusé Israël de l'avoir empoisonné, sans que cette assertion ne soit scientifiquement confirmée. C'est peu de dire que le décès de Yasser Arafat a laissé un grand vide dans l'espace social et politique palestinien. De fait, de son vivant, le président Arafat avait agi comme catalyseur et unificateur des diverses tendances politiques qui travaillaient le mouvement de résistance palestinien. Or, au moment où est commémorée la mémoire du disparu, les Palestiniens n'ont jamais été autant divisés, avec cette singularité d'avoir deux gouvernements antagonistes avec la scission de la bande de Ghaza dirigée depuis le printemps par le mouvement islamiste Hamas, alors que le Fatah préside un gouvernement parallèle en Cisjordanie. C'est donc avec cet arrière-fond de désunion que les Palestiniens rendent hommage depuis plusieurs jours à la mémoire de Yasser Arafat avec, en point d'orgue, l'inauguration hier du mausolée dédié au président palestinien défunt. Cet important complexe-mémoriel a été inauguré par le président Mahmoud Abbas. Ce mausolée, où repose Yasser Arafat, comprend en outre une mosquée et un musée totalement consacré au défunt président et héros de la résistance palestinienne à laquelle il consacra toute sa vie. Selon son neveu Nasser Al Qidwa, président de la Fondation Arafat, promotrice du mausolée, le musée abritera l'ensemble d'effets, objets et documents ayant trait à la carrière et faits et actes de Arafat. M.Al Qidwa a, par ailleurs, indiqué à propos du mausolée -édifié sur la place centrale de la Mouqataâ, quartier général de la présidence de l'Autorité palestinienne à Ramallah- que «l'intérêt que ce projet suscite dans le contexte politique intérieur actuel, s'explique par le fait qu'Arafat avait toujours été un des symboles de l'unité palestinienne». Aujourd'hui, jour anniversaire de la mort de Yasser Arafat en 2004 à Paris, une cérémonie sera organisée lors de laquelle l'actuel président palestinien, Mahmoud Abbas, prononcera un discours devant des milliers de Palestiniens venus rendre hommage à leur héros national. Quoique opposé à la politique du président Abbas -successeur de Yasser Arafat, fondateur du Fatah auquel le mouvement islamiste dispute le leadership- le Hamas n'en aura pas moins une pensée pour le leader de la résistance palestinienne. Ainsi, le porte-parole du mouvement Hamas, Fawzi Barhoum, explique que «le personnage de Yasser Arafat fait l'objet d'un consensus en raison de sa dimension symbolique et sa capacité à s'accrocher à nos constantes nationales». Toutefois, même si tous les Palestiniens ont aujourd'hui une pensée envers le défunt président Arafat, ils restent cependant conscients que la situation dans laquelle se déroule cette commémoration n'est pas normale et a un «goût particulier», comme le relève un journaliste de la télévision palestinienne, selon lequel «l'anniversaire de la mort du président Arafat a un goût particulier cette année, car la patrie est divisée en deux, la Cisjordanie et Ghaza, et il était le seul homme capable d'unifier le peuple palestinien». Yasser Arafat est mort le 11 novembre 2004 à l'âge de 75 ans à Paris où il a été transféré en urgence.