Le Mali souhaite que la Mauritanie s'engage «encore plus fort» pour la résolution de la crise malienne, a affirmé hier son Premier ministre, Diango Cissoko, à l'issue d'une audience à Nouakchott avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz. «Je l'ai sollicité (pour) un engagement encore plus fort de la Mauritanie pour la résolution de l'ensemble des problèmes du nord du Mali», occupé par des groupes islamistes armés dont Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), a déclaré à des journalistes M. Cissoko, arrivé samedi en Mauritanie. Selon lui, c'est un dossier que le président Aziz «maîtrise très bien». «Il en a une vision lumineuse, nous voudrions en profiter, exploiter cette vision pour nous permettre de sortir rapidement de nos difficultés que le président mauritanien considère comme ses propres difficultés», a affirmé M. Cissoko. Le nouveau Premier ministre malien fait bien entendu allusion au fait que le président mauritanien mène une politique très active contre AQMI et a ordonné des raids contre des bases d'AQMI au Mali en 2010 et 2011. Et Bamako souhaite certainement que Nouakchott revienne sur sa décision et appuie une intervention militaire dans l'Azawad pour déloger les groupes armés qui s'y trouvent. A l'instar de l'Algérie, les autorités mauritaniennes se sont jusque-là montrées rétives à un règlement de la crise malienne par la force. Le 20 décembre, l'ONU a, rappelle-t-on, approuvé le déploiement d'une force internationale au Mali, sans préciser de calendrier mais en indiquant qu'il se fera par étapes, tout en exhortant au dialogue avec ceux qui rejetteraient le terrorisme et la partition du Mali. Diango Cissoko a indiqué avoir remis à M. Aziz un message de «fraternité et de remerciement» de la part du président intérimaire malien Dioncounda Traoré, en rappelant que la Mauritanie «abrite plus de 100 000 Maliens réfugiés depuis l'éclatement de la crise au nord du Mali», à la mi-janvier 2012. Sur un autre plan, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a réitéré, samedi, son refus de l'application de la charia (loi islamique) dans le nord du Mali, exigée par Ançar Eddine, l'un des groupes islamistes armés contrôlant la région. «Accepter qu'une quelconque parcelle de l'Azawad soit islamique, c'est accepter le terreau du terrorisme», a déclaré à la presse Ibrahim Ag Assaleh, un haut responsable du MNLA présent à Ouagadougou, refusant tout «fanatisme religieux». Dans un document remis cette semaine au président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise au Mali, Ançar Eddine, groupe surtout composé de Touaregs maliens, a durci ses positions : il réclame l'autonomie et la loi islamique pour le Nord, au sein d'un Etat malien proclamé «islamique». Interrogé sur cette revendication d'autonomie, M. Assaleh a déclaré que son mouvement «s'abstient», lui, de parler «d'autonomie, de statut particulier, de fédération, de statut de décentralisation». «Tout cela sera discuté autour de la table de négociations», a-t-il expliqué. Des discussions entre le gouvernement malien, Ançar Eddine et le MNLA sont prévues le 10 janvier à Ouagadougou autour du président Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).