Les autres institutions internationales prédisent toutes la même morosité. La croissance du PIB mondial ne devrait pas dépasser les 3,3%, prédisent les experts. Une situation fragile qui devrait peser sur les prix du pétrole. En effet, certains analystes affirment que les cours du pétrole continueront à baisser au premier semestre 2013 en raison de la conjugaison de deux facteurs : une demande mondiale modérée en raison de la crise, et une offre excédentaire, alimentée notamment par la hausse de la production aux Etats-Unis. Selon l'institut français, INSEE, «le prix du baril fluctuerait autour de 105 dollars à l'horizon mi-2013», mais la baisse pourrait être limitée en cas de «tensions géopolitiques importantes». Une tendance dont risque d'en pâtir l'économie algérienne, qui tire 98% de ses recettes d'exportation et construit 70% de son budget sur les hydrocarbures. En juillet dernier, la Banque d'Algérie avait tiré la sonnette d'alarme en affirmant que pour atteindre l'équilibre budgétaire, l'économie algérienne avait besoin d'un prix du pétrole à 112 dollars. Des estimations moins alarmistes, élaborées par les experts de l'initiative Nabni, indiquaient plus récemment que la prudence du gouvernement dans l'élaboration du budget 2013 situe le point d'équilibre autour de 105 dollars. En tout état de cause, l'Algérie pourra continuer à compter sur ses réserves de change en cas de coup dur. Le FMI l'a classée en 2012 comme le deuxième plus gros détenteur de réserves officielles de change dans la région MENA, après l'Arabie saoudite, avec plus de 205 milliards de dollars. Le principal risque à court terme pour l'économie algérienne réside donc dans une baisse prolongée des cours du pétrole. Mais à court terme, les perspectives tablent néanmoins sur un taux de croissance autour de 3,4% (selon le FMI). Toutefois, la croissance a été tirée ces dernières années principalement pas la dépense publique ; or, la loi de Finances 2013 prévoit déjà la réduction des dépenses d'investissement (-9,7%). Casse-tête inflationniste Tout en restant attentif aux marchés pétroliers, le gouvernement devra mettre un terme en 2013 à la poussée inflationniste qui a miné le pouvoir d'achat l'année dernière avec un taux avoisinant parfois les 10%. Ce ne sera pas chose facile, puisqu'au niveau des responsables économiques et financiers algériens, on n'arrive même pas à se mettre d'accord sur l'origine de cette inflation. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, ainsi que le ministre des Finances, Karim Djoudi, ont déjà annoncé une baisse de ce taux en 2013 autour de 4 à 5%, conséquence de la non-reconduction des augmentations salariales, selon le ministre. La Banque d'Algérie avait, quant à elle, justifié la hausse de l'inflation durant le premier semestre 2012 par des «dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs des biens agricoles et manufacturés où la formation des prix relève plus de position dominante ou de spéculation». Or, pour l'heure, le gouvernement s'est toujours montré incapable de régler le problème de la spéculation ou de la régulation des marchés. L'année 2012 a vu dans ce cadre une première tentative de mettre fin à l'anarchie avec le lancement d'une vaste campagne d'éradication des marchés informels qui devra se poursuivre cette année. 65 000 commerçants informels sont concernés, dont 28 000 devraient être intégrés dans des marchés formels en 2013. Pour l'heure, quelque 750 marchés parallèles ont été éliminés et l'opération s'essouffle déjà devant ce que le ministre du Commerce a appelé «l'épuisement des alternatives offertes aux jeunes concernés», autrement dit les espaces dédiés aux marchés formels.