Le projet d'amendement de la loi 05-07 relative aux hydrocarbures est depuis hier sujet à débat à l'Assemblée populaire nationale. Des débats dominés d'ailleurs par les craintes suscitées par l'exploitation des gaz de schiste. Bien que le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, ait insisté, au cours de son intervention, sur la nécessité pour l'Algérie de s'adapter aux réalités du marché, les premières interventions sur les 107 prévues par l'Assemblée ont largement disserté à propos de la nécessité de consolider le rôle prépondérant de Sonatrach dans l'industrie algérienne des hydrocarbures en amont et en aval, mais aussi et surtout sur les dangers que présente l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels sur l'environnement et sur les réserves aquifères du sud du pays. La possibilité de voir le Sud algérien se muer en laboratoire pour des compagnies pétrolières étrangères souhaitant tester des technologies encore méconnues par Sonatrach, lesquelles risqueraient d'avoir un impact néfaste sur l'environnement, a marqué la majorité des interventions des parlementaires. Ces derniers mettent à l'index la précipitation avec laquelle les autorités veulent s'investir dans l'exploitation des gaz de schiste, malgré la nécessité de prendre les mesures nécessaires afin de garantir la sécurité et la protection des réserves aquifères du sud du pays. Pourtant, le premier responsable du secteur a auparavant insisté, au cours de son intervention, sur les conditions d'exploitation des gaz de schiste, laquelle ne devra en aucun cas se faire au détriment de la protection des ressources aquifères ni de l'environnement. M. Yousfi a également estimé que l'exploitation des gaz de schiste est essentielle à la mise en place d'un mix énergétique prenant en compte les hydrocarbures qu'ils soient conventionnels ou pas, les énergies renouvelables, le nucléaire ainsi que l'exploitation du charbon. Un mix vital pour la satisfaction des besoins énergétiques sans cesse grandissants du marché interne. Dans ce sens, le ministre rappelle que la consommation globale de produits énergétiques, notamment l'électricité et les carburants, atteint aujourd'hui 46 millions de tonnes équivalent pétrole, un volume qui pourrait grimper à 80 ou 100 millions de tonnes équivalent pétrole à l'horizon 2030. 31 nouvelles découvertes d'hydrocarbures en 2012 Ainsi, le premier responsable du secteur des hydrocarbures a estimé que les dispositions de l'amendement de la loi sur les hydrocarbures ont l'ambition de ressusciter l'attractivité du domaine minier national, dans l'objectif de relancer les efforts d'exploration, notamment dans les bassins à géologie complexe, l'offshore et dans le nord du pays. Une nécessité, selon lui, d'autant plus que les 31 nouvelles découvertes réalisées en 2012 ne compensent pas ce qui a été produit comme hydrocarbures. Une nécessité d'autant que le ministre pense qu'il appartient aujourd'hui à l'Algérie de maintenir un niveau de recettes suffisant pour garantir le financement de l'économie nationale. Cela passe, selon lui, par la consolidation de la position de l'Algérie sur le marché européen, client traditionnel, mais aussi par la conquête de nouveaux marchés. Or, la concurrence promet d'être rude. Il rappelle, dans ce cas, le rôle que pourraient jouer les Etats-Unis à terme grâce au développement des gaz de schiste. Il évoque également l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché, en Asie centrale et en Afrique. Autant de facteurs qui poussent des pays disposant de réserves importantes, tels que la Russie ou l'Arabie Saoudite, à aller vers l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Notons que les débats se poursuivent aujourd'hui. La commission des affaires économiques de l'Assemblée propose 58 amendements au projet gouvernemental, en majorité portant des modifications dans la forme. Les quelques amendements de fond touchent à l'élargissement des missions d'Alnaft, la nécessité de réutiliser les eaux traitées dans le cadre de l'exploitation des gaz non conventionnels ainsi que l'introduction d'un nouvel article imposant le passage en Conseil des ministres pour tout projet concernant l'exploitation des hydrocarbures de schiste. Le ministre aura à répondre aux préoccupations des députés cet après-midi.