L'annonce de la découverte de deux gisements gaziers dans le désert algérien, faite lundi par deux compagnies d'hydrocarbures, l'espagnole Repsol YPF et l'italienne Edison, a suscité une vive réaction de la partie algérienne. Interpellé hier en marge de la clôture de la 10e conférence de la CNUCED sur le négoce et le financement des hydrocarbures en Afrique, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'y est pas allé de main morte pour rappeler à l'ordre les deux compagnies étrangères. Ces dernières, souligne le ministre, « n'ont pas le droit d'annoncer des découvertes avant de coordonner avec leur partenaire, Sonatrach, pour vérifier la véracité des données. Ils ont annoncé les découvertes sans avoir l'accord du ministère de l'Energie et des Mines ». « Nous avons par conséquent, révèle Chakib Khelil, réagi très sévèrement à l'encontre de ces sociétés qui ont annoncé surtout des données qui ne sont pas correctes et qui endommagent la crédibilité non seulement de Sonatrach mais aussi du pays. » Une réaction très sévère sur laquelle le ministre n'a pas donné de détails. Cet incident n'est décidément pas le premier du genre, puisque d'après le ministre, « on a eu déjà à rabrouer pas mal de sociétés qui ont donné de fausses informations dans l'objectif d'augmenter leurs actions sur les marchés boursiers, mais qui déteint sur la crédibilité de leur partenaire, Sonatrach ». Au chapitre des prix du pétrole sur les marchés internationaux, le ministre de l'Energie et des Mines a affirmé qu'ils « resteront élevés au moins jusqu'à la fin de l'année en cours ». Pour M. Khelil, cette hausse continue est imputée essentiellement aux risques géopolitiques, notamment la situation au Nigeria qui s'est traduite par une baisse de la production, la crise nucléaire iranienne et d'autres incertitudes qui ont un impact sur les prix. A ajouter également, note le ministre, la persistance de l'insuffisance des capacités de raffinage au moment où la demande en pétrole ne cesse d'augmenter. L'autre facteur cité est lié, selon lui, à l'importance de la demande, inhabituellement forte durant ce deuxième trimestre, selon les commandes enregistrées. Aussi, il prévoit que cette demande devrait continuer à augmenter au 3e trimestre. Concernant la réunion informelle de l'Opep prévue fin avril dans la capitale qatarienne, il a indiqué qu'elle ne devrait pas déboucher sur des décisions, mais offrirait simplement aux ministres l'opportunité d'évaluer la situation du marché et ses tendances. « Cela m'étonnerait que l'on puisse prendre une décision quelconque à Doha », a-t-il dit, en ajoutant que toute éventuelle décision serait prise lors de la prochaine réunion ordinaire le 1er juin à Caracas. A noter que la clôture de la 10e conférence de la CNUCED sur le négoce et le financement des hydrocarbures en Afrique a été sanctionnée par plusieurs recommandations à même de développer la coopération énergétique entre les pays africains. Un rapport de la CNUCED sur la situation énergétique en Afrique et les perspectives de coopération panafricaine dans le secteur énergétique a été présenté à l'occasion. Le rapport a commencé par relever le double effet sur l'Afrique de la conjoncture pétrolière actuelle, l'un positif pour la relance économique des pays africains exportateurs d'hydrocarbures, l'autre moins heureux car « alourdissant la facture énergétique » des pays pauvres importateurs de pétrole. Cette conjoncture est marquée par une « importante disponibilité de ressources financières » générées par la hausse des cours de brut sur le marché pétrolier. La CNUCED met en outre l'accent sur « la nécessité d'utiliser les revenus pétroliers pour couvrir les investissements dans les infrastructures de base » et aussi pour renforcer d'autres secteurs productifs, tels que l'agriculture, l'industrie et la pêche. Notons enfin que la 11e conférence se tiendra en mai 2007 au Kenya.