Les découvertes de deux importants gisements gaziers dans le désert algérien annoncées lundi par les deux compagnies d'hydrocarbures, l'espagnole Repsol YPF et l'italienne Edison, en font l'objet. Rencontré hier en marge de la 10e conférence de la Cnuced sur le négoce et le financement des hydrocarbures en Afrique, le président-directeur général de Sonatrach, Mohamed Meziane, nous a déclaré que « les deux compagnies étrangères ont pris l'initiative d'annoncer les découvertes de gisements de leur plein gré sans notre accord ». Sollicité pour donner plus d'informations sur le sujet, le patron de Sonatrach n'a pas voulu donner plus de détails. Une chose, cependant, est sûre : l'initiative des deux compagnies étrangères n'a pas été du goût du partenaire algérien. Sonatrach a, en effet, toujours gardé le monopole de la diffusion de l'information et de la communication en matière de découvertes de gisements en Algérie. Serait-ce aujourd'hui le cas de voir la compagnie nationale entrer dans un nouveau segment de concurrence, à savoir la communication, notamment à la faveur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ? Au chapitre de l'investissement et de la diversification de ses activités à travers le monde, Sonatrach reste pour le moins très compétitive. En effet, la société nationale, qui dispose déjà de plusieurs chantiers en Amérique latine, en Asie et en Europe, prévoit, par ailleurs, d'investir au moins 100 millions de dollars par an sur les cinq prochaines années dans l'exploration pétrolière en Afrique. C'est ce qu'a déclaré M. Meziane lors de son exposé à la 10e conférence de la Cnuced. Sonatrach « fait de l'Afrique une zone d'intérêt prioritaire avec l'objectif d'acquérir de nouveaux blocs d'exploration et des projets de développement de gisement en Libye, en Tunisie, en Egypte, au Niger, au Mali », a-t-il déclaré. Le même responsable a relevé, par ailleurs, l'existence d'un « paradoxe énergétique » africain dont la première expression réside, selon lui, dans l'existence de réserves très importantes d'hydrocarbures avoisinant les 9% des réserves mondiales et d'autres encore - considérables - qui restent sous-explorées. Il a cité, à cet égard, l'Algérie, où la moitié du domaine minier, d'une superficie de plus de 1,5 million de km2, est encore inexplorée et où le nombre de puits forés par 10 000 km2 vient juste d'atteindre les 9 puits alors que la moyenne mondiale est de 100 puits par 10 000 m2. Ce rapport est, par contre, de 6/10 000 m2 à l'échelle de l'Afrique. Le second terme de ce paradoxe réside, poursuit M. Meziane, dans le fait que près des deux tiers de la population du continent n'ont pas accès aux hydrocarbures et sont encore « contraints, dans une très grande proportion, à n'avoir comme source d'énergie que la biomasse et le bois de coupe », alors que les ressources prouvées d'hydrocarbures sont plus qu'abondantes. La consommation gazière du continent n'a même pas dépassé 3% de la consommation mondiale avec 70% du volume consommé concentrés sur deux pays producteurs, l'Algérie et l'Egypte.