Le manque d'asepsie du matériel lors d'un geste médical est souvent à l'origine de ces contaminations, signalent les spécialistes. La responsabilité peut être collective ou individuelle. Le sort de la clinique médico-chirurgicale «Amina», dans la wilaya de Blida, sera connu incessamment. La décision de fermeture, définitive ou non, sera prise à l'issue des dernières conclusions de l'enquête, dont les investigations seraient bien avancées, selon une source proche du dossier. Il est maintenant question de déterminer avec précision à qui incombe la responsabilité pour ce qui s'est passé, après avoir confirmé le manque d'asepsie au niveau du bloc opératoire, sans aucune autre précision. Le directeur de la DSP de Blida signale que l'enquête est toujours en cours, une plainte a été déposée et la justice suit de très près cette affaire. «Tous les moyens scientifiques ont été mis en place pour déterminer avec précision les sources de cette contamination et leurs responsables. Des spécialistes, de rang magistral, sont intervenus pour mener à bien cette enquête. On ne peut pas donner de conclusions hâtives, il ne faut pas oublier qu'il y a eu mort d'hommes», a-t-il souligné. Du côté des spécialistes en la matière, les sources sont multiples, notamment lors de la manipulation du matériel ; aussi, de nombreuses pistes peuvent être exploitées. Il n'y a pas mille et une manières de déterminer les causes de cette grave négligence. Un médecin anesthésiste-réanimateur d'un grand hôpital public à Alger, qui pratique ce type de geste quotidiennement, est formel : «Pour être contaminé d'une méningite nosocomiale suite à une anesthésie du rachis, c'est qu'il y a eu un manque flagrant d'asepsie lors du geste lui-même. Il y a lieu de s'interroger en premier si le lavage des mains a bel et bien été effectué selon les normes. Comme on doit aussi se demander s'il y a eu une asepsie rigoureuse sur la peau du patient avant d'entamer le geste. Car, avant toute injection, il faut commencer par nettoyer le site d'injection avec des produits aseptiques», a-t-il indiqué. Notre interlocuteur, qui se dit être choqué par ce grave incident, n'écarte pas aussi la question de savoir si le matériel utilisé, en l'occurrence la seringue et l'aiguille étaient neufs, ou s'ils ont été au préalable stérilisés ou mal stérilisés. Il est aussi question de savoir si les gants portés par le praticien étaient également stériles ou simplement recyclés (nettoyés à l'eau de javel), sachant que dans certains établissements l'utilisation des gants est souvent secondaire. Par ailleurs, notre spécialiste évoque une autre raison que la contamination serait intervenue lors de l'utilisation du flacon du produit d'anesthésie. Si l'ouverture du flacon n'est pas nettoyée et refermée avec son bouchon à chaque utilisation, les microbes s'y installent. D'autres spécialistes évoquent, par ailleurs, les exemples connus de contamination suite aux infections nosocomiales dans certains hôpitaux et cliniques privés, suite à la négligence du personnel médical et administratif. La non ou mauvaise stérilisation du matériel, le non-lavage de mains, la réutilisation des aiguilles, des gants et de certains équipements spécifiques sont autant de raisons et sources de ces graves gestes, dont certains tournent au drame. Pour rappel, ces cas de méningite ont été enregistrés chez des personnes sur qui des anesthésies du rachis ont été pratiquées au niveau de cette clinique et le premier cas remonte au 6 décembre dernier. L'alerte a été donnée le 24 décembre lorsque deux personnes sont décédées, une femme âgée de 57 ans opérée pour une éventration, et un jeune homme de 27 ans pour une fissure anale. Les premières investigations révèlent que 13 cas de méningite ont été enregistrés au niveau de cette structure sanitaire privée. La clinique est fermée depuis le 31 décembre et les malades ont été transférés vers l'hôpital de Boufarik, notamment les hémodialysés, en attendant la décision finale du ministère de la Santé quant à la fermeture de la structure ou à sa réouverture.