Photo : S. Zoheir Entretien réalisé par Nabila Belbachir LA TRIBUNE : On entend souvent parler des infections nosocomiales. Sans trop entrer dans les détails, pourriez-vous nous expliquer en quelques mots ce que sont ces infections ? Dr Souad Selmi : L'infection nosocomiale est une entité liée à la question de l'hygiène hospitalière ce qui fait d'elle une véritable question de santé publique. Ce sont des infections graves par leur létalité et la résistance des germes responsables aux traitements antibiotiques. Ces types d'infections ont été longtemps décrits comme des infections acquises à l'hôpital. Elles existent depuis la création des premières structures de soins. Le caractère nosocomial est basé essentiellement sur le délai écoulé entre l'admission et le début de l'infection. Ce délai doit être supérieur à la durée de l'incubation de l'infection. La part des infections nosocomiales liées à la contamination de l'environnement hospitalier reste encore mal documentée à l'exception de quelques micro-organismes d'origine environnementale responsables le plus souvent d'infections respiratoires. L'hygiène hospitalière représente l'hygiène de l'environnement hospitalier, à savoir l'air, l'eau, les surfaces, le personnel hospitalier, et les patients eux-mêmes. Si l'un de ces facteurs est contaminé, cela implique la contamination du malade ou du personnel hospitalier. Quel est, selon vous, l'état actuel de nos structures hospitalières dans ce domaine ? A propos de l'état de nos structures hospitalières, il faut savoir que chaque établissement est un cas, car un CHU est différent d'un EPH parce que leurs capacités d'admission, le nombre de lits, de malades et la diversité des services diffèrent. En Algérie, il n'existe pas beaucoup d'études épidémiologiques sur les infections nosocomiales dans les établissements algériens à l'exception de rares hôpitaux dans l'Algérois. Ce que je pourrais vous dire, c'est que les infections les plus fréquentes sont les infections urinaires avec plus de 80% des cas secondaires. Les pneumonies nosocomiales sont les premières infections en réanimation et elles occupent la deuxième place dans les infections nosocomiales les plus fréquentes dans les études épidémiologiques. Dans les services de chirurgie, les infections postopératoires représentent 10,6% des infections nosocomiales. De ce fait, une constatation exacte de l'état de nos structures hospitalières ne peut être bien évaluée devant l'absence d'étude dans ce domaine. Qu'en est-il des mesures prises par le ministère de la Santé concernant la dotation des structures hospitalières en autoclaves ? Cela suffirait-il pour lutter contre ces infections ? La mesure prise par le ministère de la Santé qui consiste à doter nos structures hospitalières d'autoclaves est une bonne initiative car cet appareil stérilise efficacement le matériel médical prévu pour les interventions chirurgicales, le matériel d'endoscopies, etc. Mais cela ne règle qu'une partie seulement des problèmes de transmissions des infections nosocomiales, car, ne l'oublions pas, l'air, les surfaces et surtout les mains du personnel hospitalier médical et paramédical sont aussi une source, importante, d'infections nosocomiales. D'autres solutions doivent alors être adoptées pour la lutte contre ces infections. Parmi ces solutions, le lavage des mains occupe une place très importante, le port des gants afin de prévenir le risque infectieux et protéger le personnel soignant, l'utilisation efficace d'antiseptiques et de désinfectants et surtout l'élimination des déchets hospitaliers. Dans le domaine de la formation, y a-t-il un programme spécial destiné au personnel de la santé pour la prévention de tous types d'infections, et plus précisément nosocomiale ? Pour la formation du personnel à la prévention des infections nosocomiales, il faudrait savoir qu'il existe des stages de formation continue destinés aux personnels médical et paramédical dans lesquels on initie ces derniers aux meilleures méthodes de stérilisation du matériel, à la sélection des déchets, aux différents types de lavage des mains et aussi les différents produits antiseptiques utilisés et aux désinfectants les plus efficaces pour les surfaces. Mais cela reste toujours insuffisant parce que ces stages ne touchent pas l'ensemble du personnel dans toutes les structures hospitalières du pays. Il faudrait penser à la formation des agents d'hygiène dans les hôpitaux car ils constituent un pilier très important dans les mesures de lutte contre les infections hospitalières. Un dernier mot… En conclusion, il faut être conscient de l'importance de ce sujet car l'infection nosocomiale provoque l'allongement de l'hospitalisation et l'utilisation d'un arsenal thérapeutique, et tout cela coûte cher à l'état. Aussi faudra-t-il essayer de minimiser au maximum ces infections par l'application et le respect des bonnes mesures d'hygiène.