Depuis la signature officielle d'un accord entre l'Algérie et le Qatar pour la réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone de Bellara, à El Milia, l'opinion publique locale n'en revient pas de son appréhension de voir ce projet connaître le même sort que ceux qui l'ont précédé. Le tout récent souvenir de Renault, dont l'usine de montage de voiture a été transférée à la toute dernière minute à Oran pour des raisons peu convaincantes pour cette opinion, est resté en travers de la gorge des citoyens de cette wilaya. En dépit des informations selon lesquels le constructeur français a trouvé le site de Bellara sans attraits, dans la wilaya de Jijel, l'on croit toujours à un énième coup qui a voulu que ce site ne reçoive un projet qui soit au moins à la hauteur du tapage qui a été fait autour de lui. Depuis quatre décennies, on assiste à des péripéties qui se suivent et qui se ressemblent au grand dépit d'une population qui a cru à un coup du sort en espérant travailler dans une usine de Renault ou dans un complexe sidérurgique ! «A défaut de Renault, on nous console par une usine sidérurgique dont on parle depuis l'époque du défunt président Houari Boumediene ; avant l'arrivée de ces Qataris, souvenez-vous que des Egyptiens, des Français, des Japonais, des Italiens et même Rebrab, sont tous passés par là pour nous promettre la même chose», se lamente-on. Certains s'interrogent, d'ailleurs, sur le sort du projet de Rebrab, patron du groupe Cevital, venu à Jijel au mois d'août 2010, pour annoncer, à grand renfort médiatique, la réalisation d'une usine sidérurgique de presque la même taille que celle qui va être effectuée en partenariat avec le Qatar. Rebrab avait promis une usine qui générera 5 000 postes d'emploi directs et 50 000 autres indirects pour un montant de 3,5 milliards de dollars et une capacité en produits de 5 millions de tonnes, en plus de la garantie qu'elle soit non polluante. L'accord signé entre l'Algérie et le Qatar porte sur un investissement qui produira 2 millions de tonnes d'acier par an à partir de 2017, avant d'atteindre près de 5 millions de tonnes dans sa phase finale. «L'Algérie a un bon pactole de réserves de change, pourquoi fait-elle appel à des Qataris, dont le jeu trouble dans les payas arabes est de plus en plus source d'inquiétude pour certains, et pourquoi ne permet-elle pas à Rebrab de concrétiser son projet ?» se demande-t-on dans le sillage des propos échangés entre citoyens depuis l'annonce de la signature de ce projet. L'on ne cesse, à ce titre, de s'interroger sur les motifs ayant conduit à ce silence qui entoure le fameux projet de Rebrab. A-t-il été bloqué dans son élan, comme on le laisse entendre dans certains médias, ou s'est-il de lui-même rétracté ? La seule réponse à ces interrogations est que le dossier de ce projet, déposé à l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi), il y a deux ans, attend le feu vert du Comité national des investissements (CNI), a-t-on indiqué, lors de la venue de Rebrab à Jijel en 2010.