Mila (où se trouve ce grand barrage), Batna, Khenchela, Oum El-Bouaghi, Constantine et Jijel. Sur une capacité théorique optimale de 960 millions de mètres cubes, le système Beni-Haroun a pour objectif de transférer 530 millions de mètres cubes d'eau par an. Le plus extraordinaire est dans la longévité des travaux de construction de ce complexe hydraulique : ils ont commencé à la fin des années soixante pour se terminer en 2007. Il y a quelques années, alors que sa construction allait bon train et que l'on s'acheminait vers la mise en eau du barrage de Beni-Haroun, des craintes sont apparues quant aux conditions de sécurité entourant ce système. Le ministre avait dû intervenir pour démentir les propos pessimistes sur l'avenir du barrage et rassurer sur les soucis de sécurité exprimés dans la presse. Devant les suspicions de «défaut», un haut fonctionnaire du ministère avait tenu à souligner, pour sa part, que «le complexe Beni-Haroun est parfaitement réalisé et fonctionne comme une horloge». Une enveloppe conséquente a été prévue pour l'entretien du système de Beni-Haroun. Les responsables veulent éviter qu'il connaisse le même sort que les barrages existants restés longtemps sans entretien et livrés à la pollution et à l'érosion. L'état de l'environnement en Algérie étant ce qu'il est – une crise écologique visiblement permanente – le risque de pollution et d'eutrophisation du aux rejets de toutes sortes de déchets (y compris cadavres d'animaux) et aux eaux usées (chargées de pesticides et de polluants chimiques), n'a pas été écarté. Pour y faire face, une station d'épuration des eaux usées a été prévue. On a parlé également du couvert végétal insuffisant pour empêcher l'érosion et l'envasement du barrage. Riposte : le bassin versant du barrage Beni-Haroun est concerné par un programme de revalorisation des forêts, étalé de 2008 à 2010, mis en œuvre par la Direction générale des forêts (DGF) et financé par Sonatrach. Un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), créé entre l'Agence nationale des transferts et barrages (ANBT) et l'ADE, a été prévu pour la gestion et l'entretien du système Beni-Haroun. Il doit accorder une attention spéciale à la maintenance qui a toujours été le point faible des équipements dans le secteur de l'hydraulique. La preuve que les choses commencent bien, un confrère a récemment annoncé que le premier chalutier de pêche en eau douce a navigué dans les eaux du barrage de Beni-Haroun. Plusieurs espèces dont des variétés de carpe et le barbeau, sont cultivées dans ce bassin immense. Mais, évidemment, là n'est pas la principale fonction du système Beni-Haroun. D'après les données du ministère des Ressources en eau, ce sont environ 4,5 millions d'habitants qui bénéficieront d'une alimentation en eau potable (AEP) quotidienne, grâce à ce système. Jusque-là, ils étaient soumis à un rationnement difficilement supportable qui ne leur permettait d'avoir de l'eau qu'un jour sur d'eux, dans le meilleur des cas, le plus souvent un jour sur trois ou quatre et même un jour sur cinq, voire parfois plus. Six couloirs assurent le fonctionnement du système pour l'AEP. En outre, les agriculteurs pourront dire adieu à l'utilisation des eaux usées, 41 000 hectares de terres pourront être irrigués à l'aide de l'eau du système Beni-Haroun.