Souad Massi se produira à l'auditorium du Méridien, le 14 février prochain. La chanteuse algérienne, installée en France, marquera ainsi, sur invitation de l'Institut français, son grand retour sur la scène nationale avec une série de concerts à Alger, Constantine, Annaba et Tlemcen. L'annonce a été faite par Gaëtan Pallan, directeur de l'IFd'Oran qui a déjà accueilli l'auteure de Raoui (titre éponyme de l'album qui l'a révélée), lorsqu'il était en poste à Ghaza (Palestine). Cette fois, le spectacle préparé en collaboration avec le guitariste Eric Fernandez, une création du théâtre des Salins (Scène nationale de Martigues), ambitionne symboliquement de promouvoir l'esprit de dialogue et d'enrichissement mutuel des cultures. Le public algérien se remémore sans doute les images de ses premiers passages à la télévision dans les années 1990, pour interpréter sa chanson Bye bye my love, un clip sur les images exclusives du film Made in de Moussa Haddad. Elle chantait en anglais et en arabe (algérien) et sa prestation collait bien avec les images de ce film consacré à la jeunesse de sa génération, ses espoirs, ses déceptions, mais surtout sa volonté de vivre et de s'affirmer. Guitariste prometteuse à l'époque, avec des prouesses vocales qui évoquent l'égérie Tracy Chapman, elle a dû se résigner à l'exil pour échapper aux difficultés d'être artiste qui prévalaient durant cette période. Aujourd'hui, si on compte ses débuts avec les troupes locales, dont le célèbre groupe de rock Atakor, la fille de Bab El Oued cumule une bonne vingtaine d'années de carrière. La révélation s'est faite avec l'album Raoui, mais ce sont, hormis sa participation à plusieurs festivals, les duos avec des chanteurs de renom qui lui ont permis d'élargir ses horizons, à commencer par Marc Lavoine avec le titre Paris et plus récemment avec Francis Cabrel (Tout reste à faire) qui a réalisé son dernier album Ô Houria. Souad Massi a également chanté avec Idir, Dabé Touré, Ismaël Lo et Forent Pagny. Diplômée en urbanisme, peut-être un peu privilégiée, Souad Massi n'est pas insensible au vécu de ses congénères et, comme dans Samira Meskina ou Houria, la condition féminine est toujours présente dans son œuvre. Mesbah laâchia nekhdem fechghal / li ydji yehgar fiya oua âliya yetmahbal / kraht maghsil lamouaân lahouayedj ou lahdid / ntayeb ounaâdjan khayfa lahlib layfidh…., se plaint-elle dans la première chanson en mettant en avant avec un réalisme déconcertant, mais en poétisant la vie des jeunes filles accaparées par les tâches ménagères et n'ayant comme seules possibilités d'évasion que les séries télé à l'eau de rose. Dans Le Chœur de Cordoue, la préoccupation n'est pas la même, mais elle ne déroge pas à la règle avec des complaintes intimistes comme dans ce passage : (Fi kalbi chaâli nar / nebki ma nzid namen zman ghaddar). Avec ce spectacle, elle redécouvre les sonorités flamenco qui ont sans doute marqué son passage avec les Triana d'Alger, mais aussi le chant chaâbi ou andalou qui ont dû bercer son enfance. Autre complainte enfouie dans son répertoire, peut-être aussi dans sa mémoire profonde, le titre Tighiri (Le cri) chanté en berbère (kabyle) résonne comme un écho à sa propre condition : tighri, dassouthiou ouma sellagh….(c'est ma voix que j'entends / je me suis retrouvée prise au piège/ je me suis retrouvée à l'orée de la forêt…), une manière de dire qu'il lui reste encore énormément de choses à explorer.