A la tribune du forum qui s'est tenu mercredi dernier à l'hôtel El Aurassi à l'initiative du Club excellence management et du MDI Alger, Mustapha Benbada, ministre de la PME et de l'Artisanat, a présenté un secteur en pleine expansion, mais auquel il reste encore beaucoup à faire pour atteindre un développement similaire à celui des pays d'Europe voisins. Un pays comme l'Italie dispose, en effet, de 4,5 millions de PME, soit environ 45 PME pour 1000 habitants, alors que l'Algérie n'en compte que 342 800, soit un peu moins de 10 PME pour 1000 habitants. La situation n'est pas pour autant figée puisque le nombre de PME algériennes et leur contribution à la richesse nationale augmentent sensiblement d'année en année. Les chiffres donnés par Mustapha Benbada sont la preuve irréfutable de cette évolution. Le nombre de petites et moyennes entreprises (342 788 PME dont 245 842 PME privées et 96 072 artisans) a connu une progression de 9,5% entre 2004 et 2005. Elles avaient employé, à la fin 2005, 1 157 856 salariés et contribué à la richesse nationale (PIB) pour environ 77%. La conjoncture étant particulièrement favorable à la création et à l'essor des PME (plan de soutien à la croissance, programme complémentaire pour les régions du Sud et des Hauts Plateaux), le nombre de petites et moyennes entreprises promet de connaître une croissance prodigieuse au cours des toutes prochaines années. Même si le nombre de PME reste plus élevé dans les wilayas du Nord, Mustapha Benbada note que certaines wilayas du Sud se distinguent déjà par un nombre de PME assez proche de celles des Hauts Plateaux. A titre d'exemple, Ghardaïa avec ses 4229 PME se situe à peu près au même niveau qu'une wilaya du Nord comme Jijel (4694 PME), Tlemcen (4509), Aïn Defla (4372) ou Bouira (4076). Le constat serait valable pour les wilayas de Béchar et de Ouargla, qui seraient au même niveau que Médéa ou Relizane, selon le ministre en charge des secteurs de la PME et de l'Artisanat. A la conjoncture favorable à l'émergence de petites et moyennes entreprises, il faut ajouter l'effort d'encadrement que déploient les pouvoirs publics concernés (création d'un fonds et d'une caisse de garantie des investissements de PME, d'un conseil consultatif pour la concertation, de l'Agence nationale de développement des PME, des centres de facilitations, des directions de wilaya, etc.) pour faciliter leur création et améliorer le climat des affaires. L'enjeu pour les années à venir consiste à armer un maximum de PME afin qu'elles puissent faire face à la concurrence internationale. Un programme national de mise à niveau doté d'un budget de un milliard de dinars sur 6 ans a déjà été élaboré en faveur des PME ayant plus de 20 salariés (soit 97% des PME en activité). Il faut évidemment à ce budget les financements MEDA en cours ou à venir. Le challenge pour le court et moyen terme consistera à développer un réseau de sous-traitance suffisamment étendu et compétitif pour pallier les importations de matières premières et services qui ont atteint des chiffres faramineux (25 milliards de dollars d'importations de matières consommables et de services en 2005). Il faut que l'Etat régulateur trouve le moyen d'inciter les PME à investir des créneaux utiles pour le développement de la sous-traitance (matériaux et articles de construction, transport, etc.) plutôt que dans des activités saturées ou en déshérence (minoteries, textiles, etc.). Mais pour ce faire, il aurait fallu que le gouvernement ait une stratégie industrielle claire, ce qui n'est à l'évidence pas le cas. Des débats ont fusé les questions récurrentes du foncier industriel que le gouvernement veut vendre aux enchères, ce qui est de nature à favoriser beaucoup plus les spéculateurs que les investisseurs, les procédures de création de PME encore trop lentes, la concurrence déloyale des PME clandestines, la tiédeur des banques quand il s'agit d'octroyer des crédits et la persistance d'un « environnement visqueux et d'un consensus mou », pour reprendre les propos judicieux de Réda Hamiani, vice-président du Forum des chefs d'entreprises.