Une collègue me disait récemment : « T'as vu la liste des films algériens pour le prochain Fespaco ? Toujours les mêmes ! » Pour ceux qui n'y connaissent rien (ils ne sont pas à plaindre), le Fespaco est tout simplement le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Une véritable institution créée en 1969 et un rendez-vous qui se déroule tous les deux ans. L'Algérie y a déjà remporté le prestigieux Grand prix (Etalon de Yennenga), ce fut en 1985, et le sourire se voyait sur les lèvres de Brahim Tsaki qui avait projeté Histoire d'une rencontre. Cette année, du 23 février au 2 mars, on fêtera la 23e édition. Aujourd'hui, quid des films algériens ? Le court métrage de Amine Hattou, Les Pieds sur terre, et le documentaire Bouts de vies, Bouts de rêves de Hamid Benmara seront de la partie. C'est une bonne nouvelle. Du côté des longs métrages, ce seront Yemma (Djamila Sahraoui) et Le Repenti (Merzak Allouache). Sur ces deux cas, certains seront perplexes d'y voir toujours et encore la même musique. Au lieu de brasser du vent (je ne parle pas de ma collègue), soyez réalistes deux petites secondes. Hormis ces deux beaux films, qu'est-ce que l'Algérie peut bien proposer d'autre ? Parfums d'Alger ? Ce serait la risée, tant le film ne réussit jamais à se démarquer de ses tics audiovisuels. L'Andalou ? Aucune information sur la finalisation du film de Mohamed Chouikh. Zabana ! ? Personnellement, et ne l'ayant pas encore vu, impossible de me prononcer sur ce film, mais je serais curieux de savoir si le film a été envoyé pour la présélection ? Bref, si Yemma et Le Repenti vont au Fespaco, c'est qu'ils sont représentatifs d'un cinéma assez libre pour être pris au sérieux. Si ces deux propositions ont été retenues, c'est parce que ces films traduisent une véritable tendance qui respecte «hautement» les spectateurs. Il va falloir, cette année, qu'on arrête une bonne fois pour toutes de se voiler la face et d'accepter la médiocrité, quitte à faire des sacrifices, ou bien prendre le risque d'être pris pour un égocentrique imbu de sa personne. Soit ! Découvrir qu'Allouache et Sahraoui iront montrer leurs films à Ouagadougou, dans une compétition où ils côtoieront Alain Gomis, Flora Gomes, Newton Aduaka, etc., c'est la plus belle des réponses que la beauté peut envoyer aux officiels de la culture algérienne. Chapeau bas !