Le bilan de la 7e année du président Bouteflika à la tête du pays est incontestablement marqué par la mise en œuvre de sa politique de réconciliation nationale qu'il n'a cessé de prôner depuis son arrivée au pouvoir en 1999. C'est ainsi que dans un discours prononcé le 14 août 2005 devant les cadres de la nation, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, annonçait la tenue d'un référendum sur le projet de « Charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Le lendemain, ledit projet était publié au Journal officiel, annexé au décret présidentiel n° 05-278 portant convocation du corps électoral pour le 29 septembre de la même année. « Le référendum auquel je vous invite aujourd'hui est un référendum démocratique, transparent et régulier et votre libre décision sera souveraine et impérative. Je la respecterai et j'œuvrerai pour son application quoi qu'il en coûte », avait déclaré le chef de l'Etat, énonçant une série de mesures de clémence en faveur des terroristes qui se rendraient aux autorités. La démarche de Abdelaziz Bouteflika qui se voulait le prolongement de la politique de concorde civile, entamée en 1999 et qui avait permis à l'AIS, bras armé de l'ex-FIS, de quitter les maquis, a été saluée sans réserve par les partis de l'Alliance présidentielle (RND, FLN et MSP) et le PT. Ce qui n'a pas été le cas pour les associations des victimes du terrorisme, des familles de disparus et des ligues des droits de l'homme. L'association Somoud des familles des victimes enlevées par les groupes terroristes a qualifié la charte de « pacte de l'impunité voulu par référendum ». Quant à l'Association nationale des familles des disparus (ANFD), « les criminels doivent répondre de leurs crimes devant la justice ». Boudjemaa Ghéchir, président de la LADH, estimait que la « charte ne fera qu'ajourner les problèmes de la tragédie nationale » et de préconiser l'installation de commissions indépendantes pour situer, disait-il, toutes les responsabilités de la crise, prenant l'exemple de l'Afrique du Sud, du Chili et de l'Argentine. Grand défenseur de la cause des disparus, Ali Yahia Abdennour se disait « déçu » tout en s'interrogeant sur les motifs qui ont amené le Président à faire un virage à 180°. « On ne sait pas ce qui a dû se passer au sommet du pouvoir, pourtant le président de la République s'est toujours défendu d'être un trois quarts de président », a-t-il dit lors d'une conférence de presse qu'il animée le 24 août 2005 à Oran. Les partis de l'opposition comme le FFS, le RCD et le MDS avaient affiché leur désapprobation, tout en exigeant la « libération » des médias lourds. En effet, tout au long de la campagne pour l'« explication » de la charte, la télévision devait faire preuve de partialité flagrante, n'accordant l'antenne qu'aux organisations proches du pouvoir. Le débat contradictoire auquel aspirait la société civile n'a pas été au chapitre.