Treize douaniers, dont le régional et le chef de l'inspection divisionnaire (CID) de Béchar, ont été assassinés et huit autres ont été blessés, hier matin, lors d'une embuscade tendue par des terroristes au lieu-dit Ouardhia, à 100 km au Sud de Ménéa (Ghardaïa), sur la route d'In Salah, a-t-on appris de source sécuritaire. Les mêmes sources signalent qu'une personne à bord du convoi est portée disparue. L'information est tombée tel un couperet et a plongé l'institution douanière dans le désarroi et surtout l'impuissance. La délégation était sortie le matin pour rejoindre la ville de Ouargla, et en cours de route, elle a décidé de prendre des raccourcis, en passant par les pistes de Ménéa. En empruntant cette route, les membres du cortège officiel ne se doutaient pas un instant qu'ils allaient tomber nez à nez avec des terroristes puissamment armés, et qu'ils seraient pris entre les tirs nourris de leurs kalachnikovs. Le groupe de douaniers se rendait à Ouragla pour prendre part à un séminaire. Il était 8h passées. Pris de court, les premiers véhicules de la colonne, composée de 9 Toyota, sont pris au piège. Certains d'entre eux, dont ceux des responsables, ont pris feu avec à leur bord les passagers. Le bilan est très lourd. Le régional Khebouza Abdelkrim, le CID Attar Ahmed, le divisionnaire d'Adrar, l'inspecteur principal aux brigades, Ghries Lâarafi et le divisionnaire d'Adrar, Hadji Abdelkader, ainsi que dix agents sont morts sur le coup. Quatre autres douaniers faisant partie du cortège ont été blessés, alors que quatre de leurs collègues s'en sont sortis avec des blessures très légères après avoir pris la fuite. Ils ont réussi à s'éloigner des feux de l'action pour lancer les messages de détresse. Avant même que les secours n'arrivent sur les lieux, vers 11h, les terroristes avaient déjà subtilisé toutes les armes de leurs victimes ainsi que leurs moyens de communication et ont pris la fuite à bord de 4 Toyota des douanes. Selon des sources sécuritaires de la région, les traces de ce groupe auraient été remontées par les forces de sécurité non loin de la région de Ouargla, où un dispositif impressionnant a été déployé en fin de journée. Les premiers témoignages des rescapés ont fait état d'au moins une vingtaine de terroristes, munis d'armes automatiques et qui scandaient des « Allah akbar » (Dieu est grand) tout au long de la fusillade à laquelle, faut-il le préciser, a échappé la délégation de Tamanrasset, qui devait emprunter la même route. En fin de journée, l'information avait fait le tour des directions régionales des douanes, alors qu'au niveau de la direction générale, une cellule de crise a été installée pour suivre de près l'événement douloureux. Cette embuscade est la plus meurtrière que les douaniers ont eu à affronter. Elle reste néanmoins entourée par de nombreuses questions, notamment sur l'identité des auteurs, mais aussi sur les circonstances dans lesquelles elle a eu lieu. En effet, comment se fait-il que les terroristes les attendaient à l'endroit de l'embuscade, alors que la décision de sortir de la route nationale pour emprunter un raccourci n'a été prise qu'une fois la colonne des Toyota à la sortie de Béchar ? Est-ce le passage habitué des douaniers ? Peut-on croire que cette embuscade était accidentelle, c'est-à-dire que les victimes et les terroristes se sont rencontrés accidentellement à cet endroit précis ? Autant de questions auxquelles il est difficile de trouver des réponses pour l'instant. Par contre, il est certain que les auteurs de cette embuscade, qu'ils soient terroristes ou contrebandiers - s'il y a une différence - étaient bien plus armés et plus équipés que leurs victimes. Une situation tant dénoncée par les douaniers eux-mêmes à chaque fois que l'occasion se présente à eux. Les conditions de travail dans le sud du pays sont souvent inhumaines et très loin des commodités dont bénéficient certaines brigades du Nord. Une situation qui rend vulnérable les agents à tous les risques, qu'ils soient liés au terrorisme ou à la mafia de l'argent. Ce corps a payé un lourd tribu pendant les années rouges du terrorisme, mais aussi dans la lutte contre la contrebande. Tous les corps de sécurité qui prennent part à cette lutte ont connu une nette amélioration de leurs moyens, alors que l'administration douanière est restée à la traîne dans ce domaine. Aujourd'hui, les corps des victimes de l'embuscade d'El Ménéa seront remis à leurs familles et un hommage officiel sera rendu à leur mémoire avant de refermer la page et de revenir à la réalité du terrain.