Le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou a abrité jeudi dernier un forum international sur « La prévention et la promotion de la santé et du bien-être au travail ». Les différents intervenants, des spécialistes algériens et étrangers, ont axé leurs communications sur le problème du stress en milieu professionnel, ses répercussions négatives sur l'individu dont la santé détermine la bonne ou la mauvaise santé de l'entreprise. Selon Mlle Aiteur, psychologue à Alger, qui a traité de la problématique du stress chez les infirmiers spécialisés en soins généraux, « le stress chez ce corps est causé par la représentation sociale négative de ce métier, la surcharge de travail et les conflits générés par l'imbrication des rôles et des tâches dans le corps paramédical ». La psychologue s'appuie sur une enquête qu'elle a menée sur un échantillon de 100 infirmiers. « Nos infirmiers, qui sont en contact permanent avec le malade et sa famille, ne sont pas pris en charge psychologiquement par les responsables des institutions hospitalières en Algérie », se désole l'intervenante qui précise que le décès d'un malade à l'hôpital est la première cause du stress de 98% des femmes infirmières et de 90% chez les hommes. Le docteur Boudarène soutient que « le stress n'est pas une maladie en soi, mais il est à l'origine de nombreuses maladies psychosomatiques, des dépressions qui conduisent parfois même au suicide. Les violences quotidiennes que vit le citoyen algérien depuis ces 20 dernières années sont à l'origine du stress qui n'épargne aucune catégorie professionnelle. Les agents des services de sécurité, les pompiers et les médecins, qui étaient directement confrontés à la violence durant la période du terrorisme, sont terriblement affectés ». Pour sa part, le docteur Ziri, maître assistant en psychiatrie à l'EHS de Oued Aïssi de Tizi Ouzou, souligne que la législation algérienne n'est pas adaptée. « La médecine du travail en Algérie ne considère pas le stress ou ses effets comme une maladie professionnelle », déclare-t-il. « Les professionnels atteints de stress post-traumatique sont ignorés par les médecins de la CNAS », ajoute le docteur Boudarène qui déclare que les responsables de cette institution ont été invités pour apporter leur contribution à la rencontre qui n'a pas attiré grand monde. Les organisateurs du forum ont tiré la sonnette d'alarme et ont interpellé les pouvoirs publics à prendre conscience pour une meilleure prise en charge de la question du stress que certains intervenants considèrent comme un problème de santé publique. Ils ont souligné la nécessité de création de centres spécialisés pour améliorer le bien-être des travailleurs, tous secteurs confondus, au sein de leur milieu professionnel.