Le stress n'est pas pris en compte par la législation algérienne. Stress en milieu professionnel : vide juridique et absence d'une véritable prise en charge. C'est le constat auquel sont arrivés les participants au forum international sur “la prévention et la promotion de la santé et du bien-être au travail”, organisé, jeudi dernier, par le CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou. Si le stress n'est pas à proprement parler une maladie, il peut cependant être à l'origine de maladies cardiovasculaires ou de lésions physiques et même le cancer. La médecine du travail ne considère pas les manifestations du stress comme maladie professionnelle. Il y a donc un vide juridique, constate le Dr Ziri, maître assistant en psychiatrie. Outre ce “trou noir” dans la législation du travail, le conférencier relève également l'absence de prise en charge des sujets dans le milieu professionnel. Aux yeux de cet expert qui exerce à l'EHS psychiatrie de Oued Aïssi, le besoin de reconnaissance n'est pas nécessairement matériel ou pécuniaire. “La reconnaissance immatérielle permet non seulement de vivre mais aussi d'exister sous le regard des autres et accéder ainsi au statut de victime”, expliquera encore l'orateur. La législation algérienne en la matière n'a pas évolué depuis des années. Dans son article 63, la loi 83-13 du 2 juillet 1983 considère comme maladies professionnelles les intoxications et affections présumées d'origine professionnelle particulière. La loi 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail, est restée pratiquement muette sur le sujet, puisqu'elle ne préconise que de “promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien-être physique et mental des travailleurs dans toutes les professions et en vue d'élever le niveau des capacités de travail et de création”. M. Ziri suggère une intervention en amont des pouvoirs publics tenus de produire des instruments législatifs et juridiques à même de prendre en charge socialement ce genre de pathologies. Auparavant, le Dr Boudarène s'est attelé à cerner la problématique du stress en milieu professionnel qui est devenu aujourd'hui une “préoccupation émergente”. Ce psychiatre qui exerce à titre privé depuis plus de 25 ans a relevé que contrairement aux nuisances physiques, les nuisances psychologiques ne sont pas reconnues par la médecine du travail. Pour lui, le stress peut générer des maladies professionnelles, voire des accidents de travail. Ce qui induirait, dans les deux cas, une baisse du rendement dans l'entreprise. La solution réside alors dans l'investissement, dans le développement humain au sein de l'entreprise. C'est là la conclusion du Dr Boudarène, qui suggère aux dirigeants d'entreprises de voir en l'homme-travailleur un moyen mais aussi une finalité. Le Dr Ferrey s'est intéressé, lui, sur la psychopathologie du travail, alors que le Dr Vogein de Paris a fait un exposé sur le stress au travail et sa prise en charge par une législation mise à jour depuis 1999 en France. Selon Catherine Vogein, le contexte actuel marqué par une individualisation croissante du travail rend vulnérable le sujet devant le stress en milieu professionnel. “Professionnels au bout du rouleau” est le thème abordé par le Dr Amalou. Les infirmiers, les pompiers, les postiers et les policiers sont les personnels les plus exposés aux événements stressants, dira Amina Amalou, qui préconise des réponses pratiques pour la gestion du stress. Les chômeurs sont également une catégorie très vulnérable devant cette pathologie. M. Moudoud de la Cnac en a cerné un peu la dualité stress-chômage. D'autres communicants se sont intéressés au sujet du stress abordé sur ses différentes facettes. YAHIA ARKAT