A l'orée de chaque célébration du Mawlid ennabaoui, les produits pyrotechniques inondent le marché de l'informel. C'est devenu un lieu commun de voir les revendeurs, qui n'activent plus à la sauvette, étaler pétards, bombes, doubles bombes et autres feux de Bengale non sans braver la puissance publique sur la voie du Beylik. Ils reprennent du service avec tout un éventail de joyeusetés, au grand bonheur des petits et des... grands. Pourtant, la loi est on ne peut claire à travers le décret n° 63-291, du 2 août 1963, qui stipule que «la fabrication, l'importation, la vente et l'usage de pétards et tout autre produit pyrotechnique sur le territoire national sont prohibés». Mais c'est compter sans l'aubaine que s'offrent les barons de l'import-import qui passent - c'est devenu une évidence niaise - à travers les mailles des frontières terrestres et maritimes pour écouler leurs pétards. «Une valeur de 12 à 15 milliards de dinars de produits pyrotechniques est commercialisée chaque année dans le marché informel, et dont les dividendes tirés par les importateurs sont estimés à plus de 6 milliards de dinars», selon Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Un beau pactole que les nababs ramassent à «la pelle» grâce aux faux registres du commerce qui prennent à défaut les services des douanes, renchérit-il. Mais qui sanctionner ? Les petits revendeurs qui élisent leurs quartiers le long de la rue Amar Ali (ex-Randon), troquant, l'espace d'un moment, la vente de cigarettes contre un gain plus juteux, ou les importateurs de containers de ce type d'artifices et de pétarades ? Si les premiers n'ont cure de cette source de dangers, notamment pour les enfants dont bon nombre d'entre eux font les frais de plaisanteries de mauvais goût et de «jeu de vilain» avant d'être conduits aux services ophtalmo et de traumato, les seconds, eux, agissent - telle une force occulte - dans l'ombre à la faveur de collusion. Cela illustre on ne peut mieux cette citation : «Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites» (dixit Honoré de Balzac).