A quelques jours de la célébration du Mawlid du Sceau des prophètes (QSSSL), l'arsenal des pétards envahit certains espaces publics de la capitale, notamment la zone tampon, la rue Ali Amar. Un lieu poudrière abreuvé par les grosses mouches qui ne se font pas épingler, croit-on naïvement. Une voie le long de laquelle aussi bien le piéton que l'automobiliste ont toutes les peines du monde à se frayer un chemin, tant le méli-mélo a pignon sur rue. Même les vendeurs de cigarettes mettent au rancart leur créneau pour se reconvertir, l'espace de trois ou quatre semaines, au carillon de l'événement « religieux ». N'est-ce pas que le négoce est porteur de gros gains ? L'éventail de bombes cartouches, pétards de fantaisie, feux de Bengale et autres joyeusetés garnissent les éventaires de la fortune. Ça pétarade de partout. Ça détone sec et fort bruyamment sur les passants. Le commerce marche bien. On ramasse à la pelle la thune. Et gare au revendeur qui s'avise de ne pas respecter la mercuriale des articles pyrotechniques ! Qui ose faire baisser le cours des prix… La griserie fait perdre leur sens des réalités à ses congénères qui n'hésiteront pas à lui faire péter la table qui peut valoir 80, voire 100 millions de centimes, susurre-t-on. Les revendeurs sont sur leurs gardes, se surveillent et ont l'outrecuidance de s'offrir même des « mekassine » s'il y a lieu pour contrôler en catimini la table du voisin… Sauf le quidam qui, dans le meilleur des cas, se voit essuyer une « khôlaa », sous l'effet d'une détonation assourdissante ou le nigaud qui s'amène avec sa ribambelle batifoler en soulageant son portefeuille. Pourquoi d'ailleurs priver ses chérubins de cette folâtrerie, alors qu'il a l'habitude de s'endetter pour leur offrir le mouton de l'Aïd ? A croire aussi que la loi donne naissance à la malignité. L'on s'interroge sur les motifs de la non-application du décret n°63-291 du 2 août 1963, dont l'article premier clair comme de l'eau de roche stipule que « sont prohibées la fabrication, l'importation et la vente sur le territoire national des pétards et tous articles pyrotechniques du genre bombe cartouche ou bombe fantaisie », suivi de l'art. 2 dont le contenu n'est pas moins intelligible : « Le jet de ces pétards sur la voie publique est interdit. » Mais « que peuvent les lois là où ne règne que l'argent ? » écrivait à juste titre l'écrivain latin Pétrone. Dont acte.