Un dispositif de tests ADN destiné aux familles nord-africaines et leurs enfants vivant en situation irrégulière sur le territoire est ce que prévoient de mettre en place les autorités de l'enclave espagnole de Melilla. Fin prêt, ce dispositif est en attente de l'aval des instances judiciaires pour pouvoir être officiellement instauré. A peine annoncée, il y a quelques jours, par l'Agence américaine « Associated Press » et les médias espagnols, cette mesure a provoqué l'affolement général des centaines de sans papiers internés au Centre de séjour temporaire pour étrangers (CETI). Comme elle a suscité de vives réactions auprès des associations de défense des droits de l'homme et des migrants locales de par son caractère jugé « raciste, xénophobe et attentatoire à la dignité humaine». Et si les quelque 300 algériens du CETI dont plus d'une dizaine de familles se sentent particulièrement visés par le dispositif c'est bien en raison des fortes présomptions de mensonge sur le lien de filiation et de parenté avec les enfants qu'ils disent leur appartenir pesant sur eux. Pour nombre de haragas algériens que nous avions rencontrés à Melilla en octobre dernier, il est clair que « cette mesure va exclusivement cibler les algériens vu que le CETI est interdit aux marocains. La seule communauté nord-africaine dans ce centre est composé d'algériens et rien que d'algériens». Interrogé à ce propos, Peio Aierbe de l'association espagnole SOS Racismo, membre de Migreurop, a, en partie, confirmé que l'application dudit dispositif est susceptible de se limiter à nos ressortissants vivant dans l'enclave. « L'information que nous avons (les Organisations espagnoles de Migreurop): L'intention des autorités de faire de tests ADN c'est une chose dont on parle à Melilla depuis une année. C'est n'est pas une chose nouvelle. Mais, pour l'instant elle continue à être, seulement, un projet qui ne semble pas facile à réaliser. Quand on parle de ca, on se réfère aux cas concrets liés à quelques ressortissants de l'Algérie et aux subsahariens (pas aux magrébins, en général puisque les ressortissant du Maroc ne sont pas acceptés aux CETI», a-t-il, en effet, déclaré, avant d'ajouter « et la question se posse parce que, dans certains cas, le doute plane sur la filiation parentale. Et il y a un tas de choses liées aux problématiques de mineurs qu'on ne peut pas déconsidérer». Notre interlocuteur s'est, en revanche, montré sceptique quant à l'aboutissement du projet « comme aujourd'hui, ce test n'est pas une réalité, il faut être attentif; mais il est aussi nécessaire, si finalement il venait à être appliqué, de connaitre dans quelles situations veulent le faire les autorités de Melilla. Quelle est la justification, quelle est l'intervention judiciaire, quels sont les garanties et les droits des personnes touchées par ces mesure... pour pouvoir avoir une position concrète et pour envisager les mesures à prendre auprès des instances politiques et judiciaires. En tout cas, il est difficile d'imaginer qu'une telle mesure puisse être adoptée avec caractère général, vu le cout très cher de ces tests ADN ». De son côté, très prudent, Jean-Philippe Chauzy, porte parole de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) basée à Genève (Suisse), a préféré ne pas s'étaler sur le sujet se limitant de dire « ce dispositif n'est valable qu'à la demande expresse des intéressés dans le cas où toutes autres mesures nécessaires à l'établissement d'une filiation ont échoué. Ceci est particulièrement utile lors de demandes de réunification familiale car ce dispositif permet d'établir avec certitude une filiation en l'absence de documentation appropriée ». Le responsable a, en outre, tenu à préciser « il va sans dire que ces procédures de réunification familiales ne doivent pas se limiter exclusivement à l'établissement de liens génétiques de parente mais doivent prendre en considération l'existence de liens familiaux forts et des éventuels besoins de protection des mineurs ». C'est dire qu'en pensant à mettre en place ce dispositif attentatoire à l'intimité des migrants, les autorités melilliennes prouvent encore une fois le traitement dégradant et pleinement assumé envers les migrants surtout ceux nord-africains. En témoigne : Pour situer le nombre de clandestins, elles s'appuient sur le volume des ordures ménagères collectées à travers ses 12 km2 de territoire. «Les ordures ménagères correspondent à une population de 140.000 personnes alors qu'il y a officiellement 80.000 résidents à Melilla », a indiqué, la représentante de «Melilla Acoge », une ONG espagnole qui œuvre à promouvoir l'« inter-culturalité » et à favoriser l'intégration des immigrants en situation irrégulière.