A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, l'association «Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4acg)» publie un ouvrage intitulé Guerre d'Algérie, guerre d'indépendance (Paroles d'humanité) aux éditions L'Harmattan. Guerre d'Algérie, guerre d'indépendance (Paroles d'humanité) est un ouvrage rassemblant des récits divers de révolutionnaires algériens, anciens appelés français, pieds-noirs, réfractaires, médecins, infirmières, membres de leur famille, tous mêlés d'une façon ou d'une autre à la guerre. Ce dont témoignent tous ces acteurs, c'est qu'aujourd'hui l'heure est venue de parler et d'écouter, de donner et de recevoir, des deux côtés de la Méditerranée. C'est le sens de ce livre : faire entendre la multiplicité des voix et contribuer à une mémoire chorale de la guerre. Un ouvrage collectif, initié et rassemblé par la 4acg (Anciens appelés à la guerre d'Algérie, et leurs amis contre la guerre), présente l'originalité de donner la parole à l'ensemble des participants à cette guerre. Symbole très fort de leur démarche : une double préface introduit l'ensemble. L'une signée par l'historienne française, Raphaëlle Branche, l'autre par Ouassana Siari Tengour, historienne algérienne. C'était la guerre «Les anciens combattants français qui ont choisi de les raconter semblent moins s'y définir comme des anciens combattants que comme des humanistes. La fraternité à laquelle ils aspirent n'est pas celle des armes, mais celle des hommes. Tous ne partageaient pas les mêmes idées alors, tous ne les partagent pas aujourd'hui. Ils se rejoignent cependant dans un désir de témoigner et de dire vrai, en interrogeant la guerre telle qu'elle se fit, au plus près des populations algériennes, quand toute action de l'armée française avait inexorablement et inextricablement une portée politique quant à l'avenir de l'Algérie… Ces récits témoignent de l'émotion partagée et de l'hospitalité si généreuse des Algériens.… Ce dont témoignent ces récits, c'est qu'aujourd'hui, pour tous ces auteurs, tous ces ac- teurs, l'heure est venue de parler. De nombreux textes évoquent en effet le temps nécessaire pour dire. Il faudrait aussi parler du temps nécessaire pour entendre. Dans cette relation qui est toujours une transmission, les deux parties doivent être synchrones : prêtes à donner, prêtes à recevoir. Or, à leur retour en France, ceux qui avaient connu la guerre en Algérie, comme civils ou comme militaires, eurent bien souvent le sentiment d'être perdus, déboussolés. N'avaient-ils pas envie de parler ? Pas envie de raconter ? Les choses ne sont pas si simples et il faudrait travailler encore sur les différents contextes qui ont accompagné ces retours en France, de 1957 à 1962. Toujours est-il qu'aujourd'hui, le désir est là et il est tourné vers les deux pays… Récits d'une guerre passée, ce livre est une source d'inspiration et de réflexion pour le présent et fondamentalement une œuvre de paix et d'avenir», présentera Raphaëlle Branche. Charge émotionnelle Ouanassa Siari Tengour, historienne, chercheure au CRASC (antenne université de Constantine), dans sa préface, indiquera : «Des hommes et des femmes, des Français et des Algériens racontent la guerre d'indépendance. Ce n'est pas un face-à-face qui réunit les anciens appelés/rappelés de l'armée française aux maquisards de l'ALN/ FLN, mais une mise en commun de témoignages, de souvenirs, le partage d'une expérience dont on ne dira jamais assez la douleur pour ceux qui l'ont vécue, qui l'ont subie, qui en ont été les acteurs volontaires ou non… En lisant ces récits, ce qui frappe le plus, au-delà de la gravité des circonstances, de l'intense charge émotionnelle qui s'en dégage, c'est la description avec des mots d'une grande simplicité de la situation coloniale et de ses injustices vécues et subies par les uns, ressenties jusqu'à en avoir honte par des hommes attentifs et sensibles à la souffrance, à la misère et aux discriminations légalisées. Ce sont les horreurs de la guerre et les multiples brutalités inscrites dans les corps des hommes et des femmes qui sont rappelées. Sans aucune forme de procès, la détermination des Algériens à combattre le colonialisme, l'esprit de résistance n'ont pas été niés, mais compris et partagés par un grand nombre de bonnes volontés animées d'un élan de solidarité humaine. La découverte sur le terrain de réalités insoupçonnées que personne n'avait entretenues a interpellé leur conscience…».