Photo : Riad Par Amirouche Yazid Organisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) et le quotidien national La Tribune, la rencontre internationale intitulé «Algérie 50 ans après : libérer l'Histoire», a été inaugurée hier à la Bibliothèque nationale. Pendant trois jours, la parole est aux historiens pour aborder plus d'une problématique en relation avec l'histoire de la guerre de libération dans toutes ses dimensions. L'indépendance de l'Algérie fêtera, ce 5 juillet 2012, son cinquantième anniversaire. Une soixantaine de chercheurs et d'enseignants, issus de plusieurs pays, ont été conviés à cette rencontre, marquée par la présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et à laquelle ont assisté des ambassadeurs en poste à Alger (Chine, Serbie, Finlande). «Libérer l'histoire», cela suggère qu'elle est sous la tutelle d'une ou de plusieurs parties. Que signifie alors ce chantier appelé «libérer l'histoire» ? Une esquisse de réponse est vite apportée par un conférencier invité. Libérer l'histoire ne saurait se réaliser sans des esprits libres. C'est en substance le message envoyé par Paul Siblot, enseignant à l'Université de Montpellier. Paul Siblot, dont le parcours de chercheur l'a amené en Algérie à une certaine période, a tenté, avec pédagogie, d'expliquer quelques raisons qui font que les rapports algéro-français sur les questions d'histoire ne sont pas encore «pacifiés». A l'adresse des historiens, le conférencier propose de «travailler les oppositions entre Français et Algériens pour mieux les comprendre». Mais, pour le moment, fait remarquer Siblot, «les discours développés à ce sujet, demeurent parallèles. Ils ne se croisent pas». Dans sa communication intitulée «nécessité et conditions d'une réflexion commune sur l'histoire des franco-algériens», Siblot suggère aussi aux historiens de ne pas «confondre colonisation et civilisation». Quelques instants plus tôt, Elsenhans Hartmut, de l'Université Leipzig, donne une explication à la problématique. Convaincu que «le travail de mémoire est difficile», le chercheur -auteur en 1974 d'un livre sur l'Algérie-, déclare que «les Français n'arrivent pas à comprendre que c'est eux qui ont fait ce que les Algériens leur rappellent». De l'autre côté, ajoute Hartmut, «les Algériens n'arrivent pas à comprendre cette attitude des Français». La troisième communication a été donnée par Abane Belaïd, auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la guerre de libération. Sous le thème «l'Indépendance 50 ans après, comment aller au-delà des deux moments fondateurs de l'Etat national algérien moderne : Novembre et la Soummam ?», Abane Belaïd soutient que «le destin collectif» a été mis en branle par le FLN en 1954. Avant de passer au mode de «destin individuel» conséquemment aux événements d'octobre 88. Aujourd'hui, souligne le même intervenant, on est dans «l'apprentissage de la citoyenneté». Ce dernier conclut par ailleurs que «Novembre est une précipitation du destin collectif». Le Congrès de la Soummam a précipité également le passage de la société algérienne dans la modernité. De son côté, Siari Tengour Ouanassa, de l'Université de Constantine, est intervenue sur «les mémoires de l'Histoire». Egalement chercheure au Crasc, Siari Tengour défend le nécessaire travail de mémoire. Elle a indiqué que «le devoir de mémoire ne doit pas nous dispenser du travail de mémoire». Et à propos de l'histoire, elle réclame «la libération de la consultation des archives de la guerre de libération».