La riposte à l'attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine (In Amenas) aura marqué la détermination de l'Algérie face au terrorisme auquel «aucune concession» ne sera faite, a indiqué, hier à Addis-Abeba, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. «Cet événement, qui aura marqué la détermination de l'Algérie face au terrorisme, auquel aucune concession ne doit être faite, ne saura détourner l'Algérie de ses responsabilités régionales et internationales dans la lutte contre ce fléau, ou de son devoir de voisinage avec le Mali et les pays de notre sous-région», a souligné M. Messahel dans son intervention à la 22e session ordinaire du conseil exécutif de l'Union africaine (UA). Tout en remerciant la présidente de la Commission de l'Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, les gouvernements africains ainsi que les organisations internationales et régionales qui ont condamné cette attaque terroriste et exprimé leur solidarité à l'égard de l'Algérie, M. Messahel a affirmé que «la neutralisation de cet important groupe criminel prive, désormais, les organisations terroristes dans la région d'une de leurs formations les plus sanguinaires et les plus dangereuses». M. Messahel, qui préside la délégation algérienne aux travaux du conseil exécutif de l'UA, a expliqué que la seule motivation du groupe terroriste était de tuer le maximum de personnes et de mettre en péril le gisement gazier d'In Amenas. Carnage «Les objectifs de ce groupe, son armement sophistiqué comprenant des moyens de destruction à grande échelle, la sensibilité du site et son passage à l'acte, en tuant des victimes innocentes et en voulant prendre des otages en dehors du territoire national, avaient amené l'action de l'armée algérienne, dont le professionnalisme, l'expertise ainsi que l'intelligence des situations ont fait leurs preuves, à éviter un véritable carnage parmi les otages et une catastrophe économique et écologique de grande envergure», a-t-il dit. Pour ce qui est de la situation au Mali, qui constitue une préoccupation «majeure» pour l'Algérie, M. Messahel a indiqué qu'elle continue de retenir l'attention des autorités algériennes dans la recherche d'une sortie de crise «rapide et durable». Il a ainsi rappelé que depuis le début des événements, l'Algérie a opté pour une «approche que les développements enregistrés depuis n'ont jamais démentie». «Notre position s'articulait autour d'objectifs majeurs et stratégiques, à savoir la préservation de l'intégrité territoriale du Mali, la poursuite de la lutte implacable contre le terrorisme et le crime organisé et le retour, dès que les conditions le permettent, à la légitimité démocratique», a expliqué le ministre, soulignant que ce sont ces objectifs, consignés dans le concept stratégique, qui unissent la communauté internationale sur une sortie de crise au Mali. M. Messahel a rappelé ainsi que l'Algérie a prôné le renforcement du leadership politique au Mali, qu'il a qualifié de condition essentielle à la mise en œuvre de toute sortie de crise. «Nous relevons, à cet égard, que des progrès ont été accomplis et réaffirmons notre solidarité pleine et entière ainsi que notre soutien indéfectible aux autorités de la transition», a affirmé le chef de la délégation algérienne à la session du CE de l'UA. Dans le même sillage, il a rappelé que l'Algérie a prôné la mobilisation de la communauté internationale autour du Mali et s'est «félicité» de la contribution de la Cédéao, du rôle de leadership assuré par l'UA, de l'appui des partenaires et de la perception juste de la situation par le Conseil de sécurité des Nations unies. Rôle de l'UA «Nous estimons, à cet égard, que la conduite par l'UA du processus de sortie de crise au Mali est non seulement conforme à ses obligations contenues dans son acte constitutif et dans le protocole portant création du Conseil de paix et de sécurité, mais constitue également une garantie pour la mobilisation ordonnée du continent et, au-delà de la communauté internationale, autour du Mali», a indiqué M. Messahel. Pour le ministre, «toute intervention militaire doit être menée en toute responsabilité», c'est-à-dire une «conduite éclairée, assurée par une bonne préparation, la cohérence du commandement des forces engagées, la mobilisation effective des moyens requis et la définition précise des cibles, en l'occurrence les groupes terroristes et ceux affiliés au crime transnational organisé qui constituent la véritable menace au Mali et dans notre région». Pour M. Messahel, ces critères sont de nature à en assurer la «réussite et le succès», et à éviter les «dérapages» qui seront de toute évidence «préjudiciables» au Mali et à la région. Le ministre a néanmoins rappelé que l'Algérie a préconisé le dialogue entre les Maliens pour apporter une réponse «adéquate aux revendications, qui soient légitimes, des populations du nord du Mali». «Ce dialogue doit être impérativement conduit aux conditions que vous savez tous, à savoir le respect de l'intégrité territoriale du Mali et le rejet du terrorisme et du crime organisé», a-t-il dit. Il a assuré aussi que le recours à la force pour éradiquer le terrorisme et le crime transnational organisé est non seulement «légitime», mais constitue également une «obligation» relevant de la «responsabilité individuelle des Etats et de la responsabilité collective des pays de la région et de la communauté internationale». Par ailleurs, il a rappelé que suite à l'attaque de la localité de Konna (10 janvier), l'Algérie a condamné officiellement et dans les termes les plus «vigoureux» ces attaques terroristes et a exprimé sa solidarité avec le Mali, affirmant que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé demeure une «priorité à l'agenda» de la communauté internationale, grâce à une coopération et à un partenariat, auxquels l'Algérie a toujours appelé. Il a également indiqué que suite à cette attaque, l'Algérie a pris ses dispositions pour la fermeture de sa frontière avec le Mali en informant le Premier ministre de ce pays dans le but de prévenir et d'empêcher tout mouvement de terroristes et d'armes entre les deux pays et à réduire la mobilité des groupes terroristes. Les travaux de la 22e session ordinaire du conseil exécutif de l'Union africaine (UA) ont débuté hier à Addis-Abeba. La 20e conférence des chefs d'Etat et de gouvernement est prévue les 27 et 28 janvier.