Ce service a grand besoin d'être réaménagé, entretenu et rigoureusement contrôlé. Bienvenue dans l'antichambre de la mort ! » C'est une phrase qui donne froid dans le dos, d'autant que ce sont des malades, personnels paramédicaux et médecins du service de déchoquage des urgences médico-chirurgicales de l'établissement public hospitalier (EPH) Dr Okbi du chef-lieu de la wilaya de Guelma, qui lancent cet ultime cri de détresse à la face des élus, du wali et, bien sûr, du premier responsable du secteur de la santé (DSP). Ni les rapports officiels des inspecteurs de la santé et encore moins ceux des personnels en poste et autres réunions avec les directeurs (qui se sont succédé à l'EPH Dr Okbi) n'ont eu un écho probant. Le laisser-aller, l'inconscience et l'incompétence, nous dit-on, ont atteint leur paroxysme, à telle enseigne qu'il n'existe pas une salle de réanimation aux urgences de hôpital, malgré la présence d'une pléiade de médecins-réanimateurs. «C'est le chaos», nous affirment des médecins en poste. Le Tout-Guelma, «vrais et faux malades», viennent systématiquement aux urgences médico-chirurgicales, où seul un groupe de praticiens généralistes, sans formation en médecine d'urgence (une spécialité à part entière) pataugent entre trauma crânien et simple grippe passagère. Comble de l'ironie, même les ivrognes et les voyous sont menés manu militari par les agents de l'ordre, menottes aux poignets, au sein même du service de déchoquage pour des soins imaginaires, sous l'œil effrayé des patients alités dans le couloir du service. «Personne ne peut travailler dans de telles conditions», nous déclare un médecin sur les lieux. Et d'ajouter: «Voyez par vous-même ; nous disposons de 6 chambres où s'entassent parfois quatre patients alités par box. Vous trouverez un cancéreux alité prés d'un hypertendu. Un asthmatique en état de crise aiguë à côté d'un accidenté de la route et d'une personne dans le coma, et j'en passe … » Si le service ou la salle de réanimation au sein des urgences, qui, faudrait-il souligner, a pour mission de recevoir les patients en urgences vitale, amenés par les pompiers ou transférés, fait défaut, le b.a.-ba de la santé est aux abonnées absents au service de déchoquage de l'EPH Dr okbi, à savoir le silence, l'interdiction de fumer et surtout l'asepsie des lieux! Constations sur place : c'est le souk au sens propre du mot. Une cohue indescriptible au moment de la visite, draine le Tout-Guelma. Le service de déchoquage est envahi par les visiteurs, de jour comme de nuit. Des toilettes béantes, des immondices à même le sol et des gardes malades désemparés par une situation surréaliste. Pire que tout, à partir de 23 h, l'EPH Dr Okbi est livré à lui-même. L'entrée y est libre, du portail qui donne sur la rue aux chambres des malades du service déchoquage. Constatation également sur place, à l'inverse de la matinée, tout est verrouillé par excès de zèle par le service de sécurité de l'hôpital. Et dire que des bagarres à couteaux tirés entre voyous éclatent en soirée dans le hall de l'hôpital. Une fois encore le fatalisme l'emporte sur le réalisme. La cerise sur le gâteau, -puisque dans ces cas-là il y en a toujours une ou plusieurs-, c'est le projet de construction d'un pavillon des urgences médico-chirurgicales à l'intérieur de l'enceinte de l'hôpital Dr Okbi de Guelma, inscrit en 2010 pour un montant avoisinant les 100 millions de dinars. Mais, contre toute attente, rien n'a été fait à ce jour sauf une bâtisse destinée à abriter un centre de dialyse, alors que le chef-lieu en compte déjà quatre. Pour le futur pavillon des urgences, si un jour les élus locaux, le mouvement associatif, le wali ou le DSP, daignaient le lancer, il serait doté d'au moins 20 lits postopératoires, 2 blocs opératoires, 5 salles de consultation, un laboratoire d'analyse, et une salle de réanimation et d'observation.