Abdelaziz Belkhadem n'a jamais été aussi près de la porte comme aujourd'hui. Après le retournement de huit ministres, il compte de moins en moins de membres du bureau politique (BP) qui lui sont restés fidèles. Selon une source du CC, il continuerait à multiplier les défections. Beaucoup de membres du comité central (CC) du Front de libération nationale (FLN) refusent de pronostiquer l'issue de la prochaine session, dont les travaux débuteront à la salle de conférences de l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. A la question de savoir si Abdelaziz Belkhadem va partir cette fois-ci ou non, ils répondent tous : «Dieu seul le sait.» Chat échaudé craint l'eau froide. Ils redoutent que le secrétaire général du FLN, comme lors de la réunion du CC de juin dernier, ne revienne sur son engagement après avoir décidé de remettre son mandat en jeu la veille. Pourtant, Abdelaziz Belkhadem n'a jamais été aussi près de la porte comme aujourd'hui. Après le retournement des huit ministres, entre autres Tayeb Louh, Abdelaziz Ziari, Rachid Harraoubia, Amar Tou et Moussa Benhamadi, M. Belkhadem compte de moins en moins de membres du bureau politique (BP) qui lui sont restés fidèles. Selon une source du CC, il continuerait à multiplier les défections. Ce serait Daâdoua Laâyachi et Madani Baradaï qui auraient quitté le bateau chavirant du secrétaire général, visiblement résigné à faire appel à l'urne le 31 janvier prochain. Seuls le chargé de la communication, Kassa Aïssi, Abderahmane Belayat, Si Affif, Mohamed Allioui, Tahar Khaoua, chef du groupe parlementaire du parti, et Mohamed Djamaï le soutiennent encore. La raison ? «Pour services rendus», indiquent nos sources. C'est à lui, précisent-ils, qu'«ils doivent les postes qu'ils occupent aujourd'hui». De même pour quelques parlementaires du FLN qui siègent au sein du CC et dont l'ascension politique et surtout sociale est le fait essentiellement de Abdelaziz Belkhadem. Mais ces derniers, affirment-on du côté de Hydra, n'hésiteront pas à basculer dans l'autre camp, celui des opposants qui continue à collecter les signatures contre le secrétaire général du parti. «Les choses avancent bien», soutient une source du CC. Même en préférant être prudents sur le sort du secrétaire général du parti, les militants du FLN ont compris désormais que l'implication des ministres eux-mêmes, contrairement à la précédente session du CC, vaut son pesant d'or. En plus de leur apport en termes de nombre, les cadres du FLN croient déceler un lâchage de Abdelaziz Belkhadem par le président d'honneur du parti qui n'est autre que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Celui-ci aurait préféré agir autrement que de prendre le téléphone et le destituer, ou se compliquer la procédure par la convocation, dans les limites de ses prérogatives, d'un congrès extraordinaire. Pour beaucoup, les ministres qui se sont retournés contre Abdelaziz Belkhadem «ont reçu une instruction dans ce sens», et selon des indiscrétions, ce serait le frère du président Bouteflika, Saïd, «qui aurait donné le la». Suffisamment d'indices pour faire basculer les plus indécis des membres du CC pour en finir avec le secrétaire général. Dans les coulisses de l'ex-parti unique, il y a ceux qui sont déjà dans l'après-Belkhadem. On parle de prétendants à la direction du FLN. Amar Tou et Tayeb Louh ainsi que Abdelkrim Abada, coordinateur général du mouvement de redressement et de l'authenticité, en nourriraient des ambitions, mais, semble-il, Abderrezak Bouhara serait le mieux placé, spéculent des membres du CC. Une source digne de foi indique que les contestataires de Abdelaziz Belkhadem ont prévu de se réunir la veille de la réunion du CC. Objectif : peser leur force et définir par la suite une stratégie pour contrer les manœuvres du secrétaire général du FLN qui, selon Mohamed Seghir Kara, porte-parole du mouvement de redressement et de l'authenticité, «voudrait rééditer le hold-up de juin dernier où il s'est imposé grâce à ses baltaguia». Abdelaziz Belkhadem résiste et tente de rassembler ce qui lui reste comme force, en envoyant ses lieutenants mobiliser ses partisans, à l'instar de Si Affif qui a organisé une rencontre, il y a quelques jours, à Oran en donnant un faux chiffre sur la participation d'une cinquantaine de membres du CC, alors qu'ils n'étaient que 19, selon une sources digne de foi. Mais le pourra-t-il lorsqu'on sait que ses plus proches fidèles l'ont quitté ? Il s'agit des ministres composant le BP du parti qui, en partant, ont, selon nos sources, drainé tous leurs soutiens et parmi ces derniers il y a des membres du CC.