Au moment où les pouvoirs publics déploient d'énormes efforts pour impulser une nouvelle dynamique économique, notamment par l'entremise des facilitations et avantages en tout genre pour encourager l'investissement privé national et étranger, l'on assiste au blocage incompréhensible de projets novateurs et porteurs. En effet, c'est le cas d'un projet de réalisation d'un complexe touristique intégré d'un centre de thalassothérapie à Mers El Hadjadj qui se trouve bloqué depuis le 17 septembre 2003, date du dépôt de la demande de permis de construire auprès des services concernés. En fait, le projet en question, dont le coût de réalisation est estimé à 117 milliards de centimes, s'étend sur une superficie de 21 900 m2, avec 2 500 m2 bâtis, comprenant un hôtel quatre étoiles de 120 chambres et suites, un centre de thalassothérapie, un autre de rééducation fonctionnelle, deux piscines (enfants et adultes), une salle polyvalente d'une capacité de 600 personnes, un restaurant, une pizzeria, une cafétéria, etc. Le délai de sa réalisation est de 24 mois. Le projet engendrera, selon l'étude prévisionnelle, 130 postes d'emploi permanents directs, sans compter les emplois induits par les activités annexes. L'on saura de l'initiateur du projet, Seradjia Rahmoun, que l'assiette foncière du projet en question est un bien propre, « j'ai acquis l'accord du Calpi en 2000. Juste après, j'ai engagé le laboratoire LNTPO pour l'étude géotechnique et un bureau d'étude tunisien (IFI) pour les études d'ingéniering, pour un montant de 350 000 euros et 200 000 dinars. Cependant, devant les contraintes bureaucratiques et le retard enregistré pour la délivrance du permis de construire, les tunisiens ont carrément mis fin à leur mission. Entre-temps, j'ai engagé un bureau d'étude italien (Bentini) pour le suivi du projet mais, tous ces efforts semblent buter, après avoir reçu les avis favorables de l'ensemble des directions concernées, sur un refus catégorique de la direction de l'environnement. » Blocage En effet, d'après le dossier en notre possession, la direction de l'environnement motive son refus par la lettre n° 5067 qui stipule : « L'implantation du complexe est située à moins de 100 mètres du rivage, donc il n'est pas conforme aux dispositions de la loi n°02-02 du 5 février 2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral. » Ayant pris attache avec la direction de l'environnement, on nous confiera que le directeur serait en déplacement jusqu'à la fin de la semaine. Notre interlocuteur, débité, exhibera un PV de réunion de la commission de daïra du littoral tenue au siège de la daïra de Bethioua le 18 juillet 2005 où le représentant de la direction de l'environnement était absent. Ceci étant dit, la loi 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et à l'urbanisme, modifiée par la loi 04-05 du 14 août 2004, stipule dans son article 45 relatif aux dispositions du plan d'occupation des sols : « Toute construction sur une bande de territoire de cent mètres de large à partir du rivage est frappée de servitude de non aedificandi. » Mais, juste après, dans une disposition transitoire, il est écrit : « Peuvent toutefois être autorisées les constructions ou activités exigeant la proximité immédiate de l'eau. » Et là, même un profane n'ignore pas qu'un centre de thalassothérapie exige la proximité immédiate de la mer dont il tire toute sa substance. Contacté à ce propos, M. Bendjelloul Habib, maire de Mers El Hadjadj, nous confiera : « C'est un projet que nous attendons avec impatience, ce sera une véritable bouffée d'oxygène pour notre localité qui souffre du chômage et du manque d'investissements. » Et d'ajouter à propos des réserves de la direction de l'environnement : « C'est un projet qui ne pollue pas plus qu'un égout d'eau usée déversé à la mer. » Ceci étant dit, et en attendant que les verrous bureaucratiques sautent, nos compatriotes et concitoyens continueront encore à faire le bonheur des centres de thalassothérapies de Hammamet et autres centres de remise en forme et stations balnéaires tunisiennes.