Les contraintes de la mise en oeuvre des réformes sont moins liées à des blocages politiques qu'à leur prise en charge. L'absence d'une politique industrielle, le faible niveau d'investissement ainsi que le retard d'adaptation de l'environnement de l'entreprise algérienne aux nouvelles mutations sont les indices sur lesquels s'est penchée l'institution présidée par Mohamed-Salah Mentouri pour affirmer une dégradation continue de l'industrie nationale dans son rapport sur la conjoncture économique et sociale du premier semestre de l'année 2003 qui sera débattue lors de la 23e session ordinaire aujourd'hui et demain au palais des nations ( Club des Pins-Alger). Au cours de la session, le Conseil a inscrit à l'ordre du jour l'examen du projet de rapport sur la conjoncture économique et sociale au premier semestre 2003, le projet de rapport national sur le développement humain (troisième rapport), le projet de rapport sur les steppes algériennes -pour une stratégie de développement intégré- et le projet de rapport sur la prise en charge des activités environnementales au niveau des collectivités locales. Dans son rapport, le Cnes met en relief «un certain danger à accompagner les signaux d'une aisance financière retrouvée et de donner l'impression d'une progression sur le plan des réformes». Pour les experts du Cnes «la croissance s'y est prolongée, notamment sous l'effet conjugué des programmes d'investissements publics et de facteurs exogènes». En contrepartie «la croissance soutient une reprise économique lente mais qui s'affirme de plus en plus». «Toutefois des contraintes lourdes persistent dans la sphère économique alors que des déséquilibres récurrents affectent l'emploi et la structure de répartition» note le Cnes dans son rapport. Des contraintes que le rapport attribue non pas à des blocages politiques mais à leur prise en charge organisée et à leur traduction opérationnelle sur le terrain. En effet «le raffermissement des cours de pétrole a renforcé l'aisance financière, qui, à défaut de pouvoir se transformer en richesse correspondante, n'a pas non plus brisé le climat d'attentisme» souligne le rapport. Néanmoins, cette impulsion reste surtout le fait quasi exclusif des finances publiques, le secteur réel et l'investissement privé tardent à se positionner, rappelle le Cnes. En effet, la consolidation des équilibres macroéconomiques et «les retombées positives» du Plan de soutien à la relance économique (Psre) et du Plan national de développement agricole (Pnda) sont accompagnées par un faible niveau de hausse des prix. «Ces résultats appréciables traduisent les efforts des pouvoirs publics à vouloir relancer une machine anémiée par une longue période de sevrage...» relève le rapport. Ces efforts sont accompagnés par la capacité de financement du trésor qui s'est consolidé au cours de ces six derniers mois de l'année 2003. «Cette viabilité financière peut prémunir pendant quelque temps le pays contre d'éventuels retournements du cycle conjoncturel et même appuyer la mise en oeuvre d'un programme de relance soutenu» souligne le Cnes qui met en garde contre « la persistance des contraintes sociales, la panne des réformes économiques et les retards pris par notre économie, dans de multiples domaines, à s'inscrire dans la mondialisation sont les principales récurrences qui tendent à accroître les incertitudes de l'avenir «alors que la grande inquiétude» renvoie à la fragilité des ressources de l'Etat». En effet la grande dépendance de l'économie à l'égard d'une seule ressource (hydrocarbures) est assez grave. Cette situation risque de s'aggraver davantage si « rien n'est fait pour la réduire». D'autant que la grande faiblesse de l'économie nationale «est de ne pas arriver à transformer les impulsions de croissance en dynamique de développement porté par des réformes structurelles ouvrant la voie au progrès et à la modernité» suggère le rapport. Par contre «la succession des réformes et des dispositifs de gestion des capitaux de l'Etat confère un caractère instable et éphémère à un mode d'organisation, sans cesse, révisé» note le rapport qui ajoute «cette instabilité contribue à altérer la lisibilité des objectifs poursuivis, à stériliser les potentiels d'initiatives et à douter des motivations». Pour faire face à ses défaillances l'économie nationale doit prendre en compte la modernisation des infrastructures de communications, des moyens de transport et de la réforme bancaire.