La sécurité du site gazier d'In Amenas, théâtre d'une sanglante prise d'otages, continue d'alimenter la controverse et la polémique autour de la sécurisation des sites aussi stratégiques que les plateformes pétrolières et gazières. Comment les terroristes ont-ils pu arriver jusque-là ? Tiguentourine est un site gazier majeur ; sa production, destinée à l'exportation, tourne annuellement autour de 9 milliards de mètres cubes, soit l'équivalent de 3,9 milliards de dollars, selon des experts. Un site qui devait être entouré d'un maximum de sécurité puisqu'il est le cœur même de l'économie nationale. Cela ne semble pas être le cas. Si les terroristes peuvent exploiter certaines failles dans le dispositif de surveillance de nos frontières, longues de 6000 kilomètres, comment ont-ils pu attaquer et se retrouver, aussi facilement, à l'intérieur du site gazier, sans surveillance, si ce n'était la vigilance du défunt agent de sécurité qui, dans un geste héroïque, a réussi à donner l'alerte et éviter l'irréparable ? Même si les concernés – Sonatrach, les responsables des sociétés pétrolières opérant sur le site – n'ont pas tellement communiqué sur le sujet, l'on commence à avoir les premiers éléments de réponse. Au lendemain de la prise d'otages, un confrère avait donné une information sur l'existence d'une complicité interne au sein du site gazier. Il s'agirait de l'implication d'un employé d'une société en contrat avec British Petroleum. Selon des sources, la compagnie britannique avait même insisté pour travailler avec son partenaire malgré «les bons conseils» des Algériens. Les dernières déclarations des responsables de cette société éclairent un peu sur certaines défaillances. Un porte-parole de BP, Robert Wine a déclaré au New York Times (déclaration reprise par TSA) : «Nous avons décidé, nous et Statoil, de ne pas avoir d'agents armés sur le site compte tenu de la forte présence militaire dans la région. Nous avons considéré que ce n'était pas nécessaire sur le site.» Par ailleurs, pour le directeur général du groupe Stirling ayant organisé et supervisé la sécurité à l'intérieur du site de Tiguentourine, Mike Lord, cité par la même source, «avoir des agents armés sur un site gazier pouvait générer des risques» en cela que «des explosions pouvaient être causées par des balles perdues». Ce serait donc quelques raisons qui ont amené les sociétés gazières, soucieuses de faire des économies de bouts de chandelles, en comptant sur les factions des services de sécurité très présents dans la région, de réduire ou de négliger la sécurité du site. Qui est responsable des failles sécuritaires qui ont rendu possible l'attaque terroriste d'In Amenas ? La réponse, on ne l'a pas encore, même si certains s'interrogent toujours : comment 32 terroristes armés jusqu'aux dents ont-ils pu aisément traverser les frontières ? Et attaquer avec une facilité déconcertante le site avant que l'Armée nationale populaire ne donne l'assaut, et finissent par sécuriser l'usine. En tout cas, la controverse est lancée. Des pays dont sont originaires les otages décédés demandent plus d'informations sur ce qui s'est passé à In Amenas. Les autorités algériennes parent au plus pressé : la sécurité est renforcée à présent sur tous les sites pétroliers.