Une impressionnante et imposante exposition collective ayant trait à l'art de la récupération est à l'honneur jusqu'au 30 de ce mois, au niveau du Centre des loisirs scientifiques de Didouche Mourad à Alger. Placée sous le slogan «Recycle Art Urbain», cette seconde édition de l'exposition collective d'arts plastiques Recup'Art a le mérite de comporter des travaux regorgeant de créativité, d'ingéniosité et de savoir-faire. Ils ne sont pas moins d'une dizaine d'artistes plasticiens à venir exposer leurs chefs-d'œuvre. Issus pour la plupart de l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, ces artistes au talent affirmé et confirmé à la fois se déclinent en trois générations distinctes d'artistes peintres et de sculpteurs. Chacun d'entre eux a tenté d'apporter sa approche conceptuelle, en utilisant des matériaux aussi divers que variés. Un petit tour d'horizon permet de recenser des œuvres insolites débordant d'imagination et qui happent, incontestablement, le regard. L'artiste Kourdoughli Ahlem livre un assemblage d'anciens disques de 33 et 45 tours. Une installation qui peut faire l'objet d'un paravent ou encore d'un rideau-porte. La nostalgie musicale est de mise avec ces anciens tubes, signés par les Rolling Stones, Jaoquin Rodrigo ou encore Idir. Enseignant d'arts plastiques au lycée, Bedidi Badredine présente deux sculptures grandeur nature en ferraille. La première œuvre intitulée «Animal sauvage» n'est autre qu'un dinosaure de couleur verte émeraude, réalisé à partir de plaques d'immatriculation de voitures. La deuxième œuvre est une armure de chevalier en fer, rappelant à plus d'un titre l'époque médiévale. Ce chevalier en fer de forte carrure baptisé «route barrée» est la résultante d'objets métalliques, faits de brocs de lait et d'ustensiles déformés de restaurants. Fatima Chafa propose un tableau macabre intitulé «L'hécatombe». Des figurines de poupées appartenant à la collection Barby sont enchevêtrées et chiffonnées les unes aux autres. Plaquées contre la toile, ces dernières sont collées, puis enduites d'une peinture de couleur ocre. Ces visages tristes tournés vers le néant semblent raconter des tranches de vie de femmes des plus tourmentées. Idjeri Yazid excelle dans des sculptures futuristes, proches du cosmos. L'artiste peintre, Hammouche Lila, présente une série de cinq tableaux à la démarche des plus surprenantes. La totalité de ses œuvres sont truffées d'encadrements dans lesquels sont soigneusement compartimentés des clés, des clous, des vis, des fourchettes, de petites bouteilles en plastique d'eau minérale, des seaux miniaturistes, des feuilles d'oliviers, des cornes et des mâchoires de mouton. Le tout est badigeonné d'une couleur dorée. Mohamed Massen est un autre grand nom de la scène artistique algérienne. Ce passionné d'art moderne et brocante propose une sculpture féminine en bois. A travers un objet des plus ordinaires, il a su insuffler vie à cette sculpture à la décoration des plus raffinée. Pour sa part, Noureddine Chegrane qui appartient au mouvement «Aouchem», créé durant les années soixante par un groupe d'artistes peintres de renom, est resté fidèle dans son travail en présentant une première œuvre mettant en scène un couple ployant dans un espace fait de symboles. Chegrane rend hommage à l'artiste peintre Henri Matisse à travers une sculpture. On devine en filigrane une silhouette féminine élancée. Elle repose sur un socle. Comme pour mieux montrer ses airs de liberté, de grands ciseaux métalliques font office de longs bras. Bel hommage rendu à Henri Matisse, ce peintre réputé pour ses travaux aux ciseaux. Nourreddine Chegrane n'a rien oublié dans son installation. Preuve en est avec cette eau et ce maïs, soigneusement rangés dans de petites timbales. En somme, cette exposition permet de sensibiliser de nouveaux publics aux démarches de création artistique liées à la récupération d'objets et de matériaux.