Un robot fait à base de pots de lait Ouverte jusqu'au 31 janvier en cours, cette expo regroupe un ensemble de sculptures, installations et peintures des plus chatoyantes. Le centre de loisirs scientifique, sis 5 rue Didouche-Mourad, accueille pour la seconde fois consécutive, la deuxième édition de l'exposition collective d'arts plastiques Recup'Art, placée cette fois sous le générique «Recycle Art urbain». Une expo collective composée donc d'une dizaine d'artistes plasticiens, anciens élèves des Ecoles des beaux-arts et appartenant à trois générations distinctes, celles des années 70,80 ou encore 2000... Ouverte le 19, cette expo s'étalera jusqu'au 31 janvier en cours. Elle regroupe en effet un ensemble de sculptures, installations et peintures des plus étonnantes, mais pas si inventives que ça dans la forme pour certaines, tant quelques-unes nous ont rappelé incontestablement ces amas de fer contorsionnés et transformés en pièces montées, que nous avons eu le loisir d'apprécier, il y a quelques années de cela au centre Pompidou, en France. De la fraîcheur, bien sûr, de la naïveté, de la peinture dorée, à tout-va pour certains afin de rassembler le tout avec de la colle et le tour est joué. C'est bien à première vue, mais l'on tombe vite dans la lassitude du regard. Seul petit bémol au tableau, si l'esthétique et le message qui en découlent prédominent souvent il est regrettable que l'on n'ait pas découvert des créations assez intéressantes pour pouvoir se substituer aux objets usuels et servir comme modèles de référence et de débrouille comme il en existe ailleurs. Bref, pas de produits recyclés mais utiles au quotidien. S'il est dit que «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», ici l'on n'a pas vu beaucoup d'objets pour qui insuffler une seconde vie, peut être employés juste comme décor ornemental. A l'ère de la biodiversité qui prévaut dans l'Hexagone, notamment et même ailleurs, il aurait été judicieux de voir comment exploiter à bon escient cette notion et inventer des objets ou même tissu ou accessoires d'utilité publique. Mais ici on touche probablement à quelque chose de totalement différent, bien que l'innovation artisanale permet parfois de faire des miracles. Toutefois, il y a indéniablement de belles choses à regarder qui vous font sourire et redonnent la pêche. C'est le cas avec cet assemblage de disques de vinyl qui devient un joli paravent ou portière d'un salon branché année seventies. Une installation signée Kourdoughli Ahlem. Pour sa part, Bedidi Badredine a choisi de monter un petit dinosaure et non des moindres, à l'aide de morceaux de fer récupérés. Son génie réside également dans l'exécution de ce robot ou armure de chevalier, fabriqué à l'aide de métaux découpés dans des pots à lait, cuillère et autres morceaux taillés dans des boîtes et autre ustensiles de cuisine comme ceux où l'on prépare le couscous. Un travail déjanté, mais assez astucieux qui mérite vraiment un hourra. De son côté, Massen, qui se plaît à engranger un tas de ferraille chez lui, propose une petite sculpture appelée tout simplement «Duo» qui met en scène un couple assez drôle. Massen, pour info, est passionné d'art moderne et de brocante qu'il fréquente assidûment, il est l'un des premiers à s'être lancé dans «l'art de la récupération». Apres avoir exposé à Picturie Générale, à l'école Artismo, on retrouve la plasticienne Chafa Fatima qui donne à voir l'hécatombe! Une fin de monde au féminin suggérée par cet amas de poupées collées entres elles à l'aide de peinture à l'huile dorée. Femmes imbriquées entre elles, comme jetées dans un trou... Toute la situation assourdissante de la femme mise à mal dans une même galère est mise en scène ici, renvoyant à la condition des plus désastreuses de la femme dans certains pays arabes, noyée dans l'obscurantisme... Pas de singulier, mais plutôt un pluriel-féminin conjugué au négatif cri de désespoir Pour sa part, Bouzidi Omar se distingue par ses travaux de miniaturiste. En effet, derrière ses tableaux accrochés aux cimaises de la galerie, rien de si exceptionnel de prime abord. Cependant, lorsqu'on s'y approche, l'on est surpris de constater cette floraison de peintures minutieusement dessinées à même de feuilles séchées! Une belle trouvaille. Chergane, 35 ans de carrière et de peinture tourmentée, semi-abstraite donnant souvent à voir des personnages désarticulés, au corps mi-ourlé, aux couleurs chaudes, se plaisant souvent à peindre le couple en mouvement, a choisi, cette fois, dans cette spéciale expo de rende hommage à Henri Matisse. Ce dernier aimait nourrir les colombes en leur donnant du maïs. Matisse élevait, en effet, chez lui les colombes et était le peintre du ciseau car il avait le goût de l'ornementation et du décoratif plus que jamais exacerbé surtout dans la taille des papiers et le collage de ses couleurs, d'où cette installation où l'eau, le maïs et les ciseaux sont bien discernables. A voir. Etrange sculpture qui raconte bien finalement qui était à la fois l'homme et l'artiste, Matisse. Cette exposition Recup'Art est à visiter vivement. Vous y passerez un agréable moment. Aussi, l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, organisateur de cette manifestation vous convie samedi prochain, soit le 26 janvier à partir de 14h au Centre de loisirs scientifiques (5, rue Didouche-Mourad, Alger) pour assister à une conférence-débat animée par les artistes Arezki Larbi, Mohamed Massen et Madjid Guemroud autour de leur exposition collective d'arts plastiques «Recup'Art II». Avis aux amateurs.