Une conférence ayant pour thème le personnage de Sidi Boumediène, représenté comme le poète de l'amour, a été donné, la semaine dernière, à l'Institut Cervantès d'Oran. Connu pour avoir voulu «répandre la culture de l'amour comme fondement de l'union du Maghreb», la vie et l'œuvre de Sidi Boumediene ont été décortiquées par le docteur Sari-Ali Hickmet, devant une nombreuse assistance. Le conférencier développera, y compris dans des perspectives «historiques et métaphysiques», l'impact de l'œuvre poétique de Sidi Boumediene, sur la vie de milliers de personnes. Sidi Boumediene a été le poète de l'amour mystique, de l'amour absolu. «L'Amour absolu, dira le conférencier, est l'amour le plus difficile, car il se base dès le départ sur un renoncement». Un renoncement de soi, en somme, au profit de l'être aimé. Le conférencier fera part, par la suite, de quelques bribes de poèmes de Sidi Boumediene. Des poèmes suaves, sensuels, ne pouvant être composés que dans des états seconds, des états d'ivresse, de transe, voire même d'extase. Cette poésie, «khamriyate» aidant, aide à dire «l'indicible» et produit un effet presque extatique sur le lecteur. Elle sublime aussi le désir, qui est le plus souvent nourri par l'absence de l'être désiré. Il faut savoir que dans les poèmes de Sidi Boumediene, le corps en est partie prenante. Ils nous rappellent des textes de poètes plus récents, comme Nizar El Quabbani ou même de chanteur contemporain, en l'occurrence Georges Moustaki, avec sa sublime chanson Nadjadja. Né en Espagne, plus précisément à Cantillana (près de Séville), Sidi Boumediene a eu pour maître spirituel le Marocain Sidi Bouazza. Se consacrant pleinement à la culture du soufisme, il avait ouvert, une fois installé en Algérie, la première zaouïa à Bejaïa. Par la suite, en parcourant le pays de long en large, il a été fondateur de plusieurs zaouïas, notamment dans la ville de Tlemcen. Par définition, la zaouïa se veut être un espace de paix spirituelle et de réconciliation entre deux entités opposées. Fondée en Algérie depuis les Almohades, elle s'est de tout temps donné pour objectif, entre autres, d'être un rempart contre toute sorte de «segmentation religieuse», autrement dit, contre l'extrémisme religieux, sous quelque forme que ce soit. Sari-Ali Hikmet, le conférencier, est médecin de profession, mais aussi docteur en sciences du texte littéraire. Maître de conférences au département de psychologie de Tlemcen, il est également médecin associé à l'université d'Oran en littérature comparée.