Du XVIe au XXIe siècles, la mode s'est toujours donnée en spectacle, particulièrement chez les élites sociales : de la transformation des corps à la recherche de la brillance, la Cité de la dentelle à Calais propose d'épater les visiteurs jusqu'au 28 avril prochain. L'exposition «Plein les yeux !» présentée à la presse est un tournant pour la Cité de la dentelle et de la mode, qui ouvre avec elle une «deuxième phase d'existence du musée», ouvert depuis 2009, explique Anne-Claire Laronde, conservatrice du musée. Cette deuxième phase sera plus axée sur la mode, alors que la collection permanente est centrée sur la dentelle. Et pour son exposition de lancement, le musée table sur le spectaculaire. «Il s'agit de montrer qu'à travers l'histoire, la mode a toujours recherché la performance, la démonstration publique de soi-même, liée à l'identité sociale», commente Isabelle Paresys, co-commissaire de l'exposition. Celle-ci commence au XVIe siècle, une «période mal connue, mais déterminante dans l'histoire de la mode, un moment où le vêtement spectacle éclot». C'est là que la fraise, ce col bouffant, devient populaire parmi les élites, fabriquée dans un textile «lui-même spectaculaire et dont la fabrication relève de la performance : la dentelle», sourit Isabelle Paresys. C'est l'époque où la mode commence à déformer les corps, à étendre les volumes et à contraindre les tailles : le vertugadin précède la crinoline et le corset fait son apparition. Pour illustrer son propos, l'exposition a recours à des peintures et des reproductions, mais rien n'impressionne plus que les robes et pourpoints présentés aux visiteurs. Grâce à des costumes de films, comme ceux de La Reine Margot ou d'Autant en emporte le vent, mais aussi aux créations d'Ollivier Henry, professeur de broderie, ou encore à des pièces contemporaines, inspirées par l'histoire, signées Thierry Mugler ou Jean-Paul Gaultier. Cousue de fil d'or et d'argent, couverte de bijoux et de dentelle, la robe est un deuxième squelette, sublimée par la richesse et le volume des matériaux. Le visiteur est même invité à s'équiper de ces exosquelettes dans la «costumerie», partie de l'exposition interactive, où adultes comme enfants peuvent essayer crinoline, pourpoint et fraise, une épreuve plus physique qu'on ne pourrait l'imaginer. Une dame, au XVIIe siècle, pouvait avoir besoin de deux servantes et mettre presque une heure pour s'habiller ! Enfin, le «grand final» de l'exposition met le glamour des grands couturiers à portée de main. Et de montrer à quel point la mode depuis cinq siècles propose une «grammaire de style» pour les créateurs, selon l'expression de Shazia Boucher, responsable du département mode, de Chanel à Lacroix en passant par Dior.Relaxnews