«Les voitures japonaises contemporaines sont sorties de ces BD». «L'influence des "super-héros" de bandes dessinées et de cinéma sur le mode contemporain» est une exposition organisée au Metropolitan Museum de New York par Andrew Bolton, conservateur de l'Institut du Costume, qui est un département du Musée créé en 1946 et qui a monté ces dernières années des rétrospectives Poiret (2007), Chanel (2005) ou encore «Anglomania»: tradition et transgression dans la mode britannique (2006). D'après les organisateurs, cette exposition qui va durer jusqu'au 1er septembre, est un hommage au triomphe de la fantaisie sur la réalité, à la transformation du corps, à la dualité. Le XXe siècle a vu émerger des générations de couturiers qui, à des degrés divers, ont été inspirés par Superman, Spiderman et autres Captain America, ces justiciers aux corps parfaits et à la jeunesse éternelle, qui accomplissent des prouesses dès lors qu'ils quittent leur identité banale et revêtent les costumes qui les font s'envoler, tournoyer, plonger et triompher de l'ennemi. Dans le hall d'entrée du musée, les visiteurs sont accueillis par Superman, Batman et Wonder Woman, trois sculptures en stuc non peintes, un clin d'oeil aux «vraies» statues en marbre qu'abrite l'établissement. La salle d'exposition, étonnante pour l'architecture très austère du «Met», est faite de couloirs tapissés de miroirs, une réalisation de Nathan Crowley, décorateur de Hollywood. Sur des mannequins en cire, une soixantaine de modèles créés par des stars de la mode comme Thierry Mugler ou Pierre Cardin dans les années 80, John Galliano, Jean-Paul Gaultier, Hussein Chalayan ou Alexander McQueen plus tard, montrent à quel point l'inspiration est venue souvent des héros urbains américains. Certains vêtements sont très connus, comme le corset-moto de Thierry Mugler pour sa collection printemps-été 1992, équipé de rétroviseurs et de guidon, ou les combinaisons sportives à cagoule de Jean-Paul Gaultier pour sa collection automne-hiver 1995-1996. D'autres ont été vus au cinéma, comme le costume de Superman porté par Christopher Reeve en 1978. «Ils ont eu du courage, les Gaultier, les Mugler, les Galliano (John Galliano, créateur chez Dior)», a lancé Giorgio Armani, «Mais ce courage est nécessaire à la culture de la mode, ces novateurs nourrissent l'inspiration», a-t-il ajouté, rendant hommage aux dessinateurs de bandes dessinées des années 30 et 40. «Flash Gordon vivait dans les mêmes maisons que l'on construit maintenant à Shanghai dans le quartier du Bund, les voitures japonaises contemporaines sont sorties de ces BD», a-t-il constaté, lors d'une conférence de presse avec le directeur sortant du Metropolitan, Philippe de Montebello.