Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La régulation du transport routier à Constantine reste en deçà des attentes de la population en rotation continue vers les villes. Partagés entre deux gares routières, celle de l'est qui dessert les longs trajets, et celle de l'ouest appelée à alléger le trafic au niveau de la première, les voyageurs sont confrontés, parfois, à des irrégularités qui perturbent leur destination. Souvent, des travailleurs et des étudiants activant dans la wilaya de Constantine recourent à des clandestins, notamment en fin d'après-midi pour éviter de passer la nuit à la belle étoile. «Pourtant, et à ce propos, la réglementation est claire», nous explique un chef d'agence : «Aucun détenteur de ligne n'a le droit de laisser des voyageurs sans raison valable. Pour notre part, chaque mois nous rendons compte de toutes les rotations des bus dans un bilan détaillé adressé à la direction des transports.» Toutefois, ces réclamations, voire ces dénonciations, restent sans impact dès lors que les inspections ne se font pas régulièrement sur terrain.Il faut savoir que les rotations journalières effectuées au niveau des quais avoisinent les 200. Le parc privé frôle les 1 200 bus répartis en plusieurs lignes intérieures. En fait, le retrait de la désormais ex-SNTV (Société nationale de transport des voyageurs) a ouvert la voie à plusieurs privés qui ont investi ce marché juteux et peu contrôlé. Le transport routier et auxiliaire s'est également élargi aux petites et moyennes entreprises à Constantine. Il occupe la troisième place dans le répertoire des PME, après les commerces et les BTPH. «Au premier trimestre 2009, nous avons enregistré beaucoup d'opérateurs qui s'occupent non seulement du transport de voyageurs, mais aussi de la marchandise», explique le directeur de la petite et moyenne entreprise. La facilité d'octroi de l'agrément favorise ce type de commerce. Sur ce dernier point, nous avons tenté en vain de joindre la direction des transports pour qu'elle nous apporte des éclaircissements sur l'attribution des quitus d'exercice. Si étonnant que cela puisse paraître, la grande SNTV se limite actuellement à dispatcher les horaires des départs et des arrivées au niveau des deux agences constantinoises. «Nous survivons en vendant du papier», se lamente le chef de quai de l'agence ouest tenant un chrono dans la main droite et des bons dans la main gauche. À la moyenne quotidienne, l'agence encaisse près de 20 000 DA. Un montant jugé important par les travailleurs de cette agence au nombre de 5. Cependant, ces derniers déplorent la modicité de leurs salaires. «Mon salaire est de 15 440 DA, alors que l'agence fait rentrer plus de 600 000 dinars par mois rien qu'en vendant des tickets. Après 27 ans de services, je n'ai pas avancé d'un iota. Que fait-on avec le reste des rentrées versées quotidiennement à la direction, d'autant que ces bus appartiennent au secteur privé ?» Le désarroi des travailleurs des agences est encore grand si l'on sait que ces deux structures vont être «évacuées dans 2 ou trois années» avec la construction de la gare multimodale de Zouaghi. «Notre devenir demeure incertain», clament-ils. Questionné sur le rôle affilié au syndicat censé prendre en charge toutes les doléances des travailleurs, notre interlocuteur se montrera critique : «Chacun façonne son propre intérêt au grand dam des ouvriers lésés.»