Au cours d'une brève visite, hier, dans la cité emblématique de Tombouctou, dans le nord du Mali, le président français, François Hollande, a affirmé que l'action de la France au Mali n'était «pas terminée», mais que son pays n'avait pas vocation à rester. «Depuis le 11 janvier, nous avons déjà accompli beaucoup de travail, il n'est pas encore complètement terminé (…), mais notre objectif est de passer le relais. Nous n'avons pas vocation à rester : nos amis africains vont pouvoir faire le travail qui était le nôtre jusque-là», a soutenu M. Hollande. L'intervention française avait, rappelle-t-on, débuté le 11 janvier au lendemain d'une offensive en direction du sud du Mali menée par les groupes islamistes armés liés à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) qui occupaient le Nord depuis fin mars 2012. En réussissant à reconquérir en moins de 3 semaines les villes de Tombouctou, Gao et Kidal, toutes occupées par les éléments d'AQMI, l'armée française a déjoué les pronostics de nombreux experts qui avaient misé sur le fait que la guerre contre le terrorisme allait être «longue» et «difficile» au Nord-Mali et que la France s'y casserait les dents. Devant le succès de l'opération Serval, le vice-président américain Joe Biden s'est d'ailleurs senti hier obligé de féliciter la France pour être intervenue au Mali. En présentant ses félicitations, le n° 2 de l'Administration américaine avait probablement à l'esprit le souci de faire oublier la sortie, le mois de décembre 2012, de l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Susan Rice, au cours de laquelle celle-ci avait qualifié le plan français d'intervention militaire au Mali de «merde». Un tel commentaire a dû certainement froisser, à l'époque, l'ego des stratèges français. Paris ne lâchera pas Bamako Ragaillardi par la victoire de son armé mais sans pour autant céder à l'euphorie, François Hollande a saisi l'opportunité de sa présence au Sahel pour dénoncer une nouvelle fois la «barbarie» des groupes islamistes armés. «Il y a vraiment une volonté d'anéantir. Il ne reste rien», a-t-il constaté, en visitant avec l'imam de la grande mosquée de Tombouctou deux mausolées de saints musulmans détruits par les narco-djihadistes. A ceux qui pensent que la France abandonnera le Mali au milieu du gué ou qu'elle ne se hasardera pas à combattre les terroristes d'AQMI, du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Ançar Eddine qui se sont retranchés dans les montagnes de Kidal, le chef de l'Etat français s'est voulu encore clair. Pour lui, «aucune partie du Mali ne doit échapper au contrôle de l'autorité légitime». En décodé, cela veut dire que la France ne partira pas de la région avant la restauration de cette «autorité légitime» et qu'elle traquera AQMI malgré la difficulté de la tâche. «Le combat n'est pas terminé. Cela va prendre encore quelques semaines. (...) Les autorités maliennes veulent retrouver l'intégrité territoriale qui, à un moment, leur a été ôtée, et nous serons à leur côté pour, plus au Nord, finir cette opération», a précisé François Hollande qui, lors de son passage à Tombouctou, a été accueilli avec ferveur par la population locale. Le message est, sans aucun doute aussi, adressé aux indépendantistes du MNLA qui pensent encore pouvoir parvenir à convaincre l'ancienne puissance coloniale de revoir la carte politique du Mali de façon à tenir compte de la réalité touareg. Après ce discours, il paraît clair qu'ils devront reconsidérer leurs revendications de telle sorte à ne pas remettre en cause l'«intégrité territoriale du Mali» que tout le monde juge «non négociable». Concernant justement l'après-guerre, François Hollande s'est rendu aussitôt après sa visite à Tombouctou à Bamako, la capitale du pays, pour un déjeuner de travail avec le président malien de transition, Dioncounda Traoré. Les deux responsables devaient évoquer, entre autres, les questions liées à la transition démocratique, au retour de l'aide et à l'intervention des forces africaines de la Misma, la Mission de soutien pour le Mali, qui doit théoriquement remplacer progressivement les Français. Avant de rallier Tombouctou, le président français, accompagné de ses ministres de la Défense, Jean-Yves Le Drian, des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et du Développement, Pascal Canfin, a d'abord transité par Sévaré, une ville longtemps située sur la ligne de front.