Le quartier Touzouz connaît en ce moment une extension anarchique et incontrôlée, à l'image de ses maisons disposées sans ordre, exhibant un aspect démoralisant au cadre ambiant, routes et trottoirs inexistants, obscurité la nuit, immondices, mouches, scorpions et chiens errants qui forment le décor quotidien. Touzouz, c'est aussi ce vide déprimant, les quelques personnes qui y habitent ainsi que leurs enfants sont livrés à eux-mêmes, sans la moindre prise en charge pour un aménagement urbain conséquent ! Le visiteur qui foule le sol de Touzouz est vite frappé par l'isolement qui frappe ce quartier. Au milieu d'un tas de maisons, pour la plupart inachevées ou en ruine, seuls deux édifices ont été construits depuis : une école à six classes et un dispensaire mal agencé font office de chef-lieu. Rien d'autre, sinon les quelque 1000 lots de terrain distribués par l'APC depuis 1982, qui, faute de viabilisation, demeurent dans un état rudimentaire, sans la moindre construction, digne d'être citée dans ce quartier qui a raté le train du développement. Touzouz est donc un quartier oublié des autorités. Situé à l'ouest de Ghardaïa, sur la route de Daia, il ne figure jusqu'à présent sur aucun programme d'aménagement urbain ! Il occupe toujours une place prépondérante parmi les plus marginalisés et les plus lésés de la commune de Ghardaïa. Il est l'exemple type d'un quartier qui se cherche désespérément. En effet depuis de longues années, son aménagement a été ballotté d'une APC à une autre, au gré de desseins purement électoraux. Faute de moyens de transport, pour faire ses provisions, s'acheter une bouteille de gaz butane, se rendre chez le pharmacien, payer ses factures d'eau et d'électricité ou se faire délivrer une quelconque pièces d'état civil, le pauvre citoyen se trouve contraint de passer de longues heures d'attente ou de faire un long détour au prix d'énormes sacrifices, par la commune de Daia, pour atteindre le centre-ville de Ghardaïa. L'appellation de Quartier des sinistrés lui colle ainsi superbement à la peau. La programmation de la visite du wali est un vain mot dans ce quartier, pourtant facile d'accès. Hormis la manne de quelques paysans qui investissent dans les secteurs porteurs tels que l'agriculture, véritable gagne-pain pour de nombreuses familles, aucune activité digne de ce nom ne peut être citée. Dans tous les domaines de la vie quotidienne, le quartier Touzouz souffre donc le martyre, pas d'infrastructures de base, le réseau routier est inexistant, l'eau coule par intermittences des robinets, même en hiver. Pas d'assainissement, pas de gaz naturel, pas de transport, pas de centre culture, pas d'aire de jeux réglementaires. En somme, le tableau est sinistre. Qui a intérêt à marginaliser les citoyens du quartier Touzouz ? Pourquoi ce manque d'initiative de la part des autorités locales pour améliorer les conditions et le cadre de vie de sa population ? Pourquoi cet état d'abandon et ce sentiment de faillite ? Pourquoi certains quartiers sont mieux pris en charge que d'autres ? Pourquoi cette inégalité dans la répartition des budgets de l'Etat à travers les quartiers d'une même commune ? Autant de questions auxquelles il est très difficile de trouver des réponses du moins pour l'instant.