Une œuvre en kabyle d'une poétesse innée, aujourd'hui septuagénaire, vient d'être extraite des tréfonds de l'oubli et du silence entourant la contrée natale de la vénérable dame auteure, à savoir Tifilkout, dans la commune d'Illilten (daïra d'Iferhounène). Il s'agit du premier recueil de poèmes en kabyle de Aldjia Ouamara, née Aït Mouloud, intitulé Nna Aldjia tenna-yas (Nna Aldjia a dit). Le premier mais pas le dernier, puisque en découvrant cette salutaire possibilité de s'exprimer et d'associer, dans la communion, les admirateurs de ses vers, Aldjia Ouamara compte persévérer et affiner davantage sa poésie. Dans cette œuvre de près de 150 poèmes, éditée et distribuée depuis décembre dernier par les éditions La Pensée, basées à Tizi Ouzou, le lecteur découvrira une variété de thèmes décortiqués avec soin par Nna Aldjia, comme elle est affectueusement appelée par ses nombreux familiers, signe de grande déférence. En décidant de mettre au jour cette œuvre, l'éditeur apprend avec étonnement qu'une grande partie des compositions remonte à un âge précoce de la poétesse et traite de toutes les vicissitudes de la vie. La mort, la misère, les obstacles en tous genres dans la société, l'environnement, l'éducation, la guerre de Libération nationale, la souffrance et la vaillance des moudjahidine, puis l'identité amazighe, ses militants, les poètes anciens, etc. sont évoqués et versifiés dans une rime propre à cette mère de quatre enfants, qui a connu le veuvage à l'âge de 40 ans. Ce recueil, où l'on trouve également des hommages au chanteur, assassiné en juin 1998, Matoub Lounès, au regretté disparu en septembre 2011, Nour Ould Amara, l'infatigable militant et enseignant de tamazight sur la chaîne de télévision berbère (BRTV), est disponible dans les librairies à Alger, Tizi Ouzou, Akbou (Béjaïa), Bouira, etc.