Employant le terme «failles» pour l'affaire Merah, le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a parlé des nouvelles menaces djihadistes en Syrie, au Sahel, mais aussi en France, disant que «la police française et les services de renseignements sont sur le qui-vive». Lyon. De notre correspondant Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, avait le beau rôle hier matin. Invité simultanément sur l'antenne de RMC et sur la chaîne d'info en continu BFM TV, il a confirmé l'interpellation de quatre personnes hier matin (trois Franco-Congolais et un Malien) en région parisienne. Le ministre a indiqué que cette nouvelle vague fait suite à «l'arrestation d'un individu il y a quelques mois, sur la frontière entre le Mali et le Niger». L'enquête menée par le juge antiterroriste Marc Trévidic porte sur une filière d'acheminement de combattants djihadistes vers le Sahel. M. Valls a aussi répondu clairement à l'interrogation de plus en plus pressante dans l'opinion publique au sujet de l'implication de Français dans les rangs des rebelles en Syrie : «Plusieurs dizaines de Français ou de résidents en France se sont déjà rendus en Syrie, souvent dans des groupes contrôlés par Al Qaîda.» Il a ajouté qu'«il y a aussi quelques individus qui veulent se rendre au Sahel», laissant entendre que quelques-uns y sont parvenus. «Cela fait plusieurs mois que cette filière est suivie», a-t-il dit. Après l'opération de démantèlement d'un réseau terroriste en septembre 2012, le ministre n'a cependant pas répondu directement concernant les menaces réelles qui planeraient sur la France. Evasif, il a simplement demandé que la discrétion lui soit permise, estimant quand même que «la police française et les services de renseignement sont sur le qui-vive». Il y a quelques jours, depuis Bruxelles, le ministre avait indiqué que plusieurs imams radicaux avaient été expulsés. Il s'agit de ceux qui n'acceptent pas la République, prônent des propos haineux ou sont contre l'égalité et la dignité des femmes, a-t-il dit en substance. Un Marocain a été expulsé vendredi, d'autres suivront, a-t-il précisé. Sur l'affaire Merah, le ministre n'a pas contredit le journaliste qui lui disait qu'un homonyme de Mohamed Merah avait été suivi, à tort, à Douai, dans le nord de la France, alors que le vrai n'était pas inquiété. C'est pour se rattraper que la semaine dernière, deux proches du tueur de Toulouse et Montauban avaient été interpellés puis laissés en liberté. «On cherche à comprendre l'environnement de Mohamed Merah», s'est contenté de commenter le ministre. Pour la première fois, Manuel Valls a ainsi concédé qu'il y a eu une faille dans le dispositif de sécurité français qui a mené à cette affaire sanglante, en mars 2012. Il a réitéré son concept d'«ennemi intérieur» «puisqu'il y a ces Français qui rentrent dans ce processus de radicalisation. Il faut combattre avec la plus grande détermination cet ennemi».