Des dirigeants algériens à nouveau impliqués dans des scandales de corruption et pas des moindres. En effet, le président de l'ENI, la société nationale du pétrole d'Italie, l'équivalent de notre Sonatrach, est entendu, ainsi que certains membres de son staff, par la justice italienne à propos de pots-de-vin versés à des Algériens lors de contrats conclus avec Sonatrach. La presse italienne cite nommément Chakib Khelil, ministre de l'Energie à l'époque des faits, et Farid Bedjaoui, un intermédiaire algérien qui a la particularité d'être le neveu de Mohamed Bedjaoui, alors ministre des Affaires étrangères. On raconte que ce dernier est tellement lié à son neveu qu'il l'a fait assister à des négociations algéro-chinoises à Pékin pour la construction de l'autoroute Est-Ouest, alors qu'il n'exerçait aucune fonction officielle. La justice algérienne s'est intéressée, à un moment donné, au cas de l'ancien ministre, mais elle a été stoppée net par une décision venue «d'en haut». Elle n'a pas pu aller au-delà du PDG de Sonatrach de l'époque et de sous-fifres. Il n'en demeure pas moins que le préjudice subi par le Trésor algérien et révélé à Rome s'élève à presque 200 millions de dollars. Rien que ça ! Malgré la gravité de l'affaire, le pouvoir algérien observe un silence absolu. Un silence qui en dit long sur l'état de déliquescence du pays. Depuis le déclenchement du scandale Sonatrach, les Algériens ont eu la nette impression que ce pouvoir est «pourri par la tête». Plus personne n'entend parler de Chakib Khelil. Plus personne n'entend parler de Rédha Hemch, un repris de justice devenu, en 2001, le décideur réel de Sonatrach et qui vit sans être inquiété entre la Suisse et la Turquie. L'Algérie n'a émis aucun mandat d'arrêt international contre des individus qui ont pourtant contribué à pourrir le climat politique et social, qui ont jeté la honte sur l'Algérie, classée parmi les pays les plus corrompus de la planète, et ce, depuis le commencement du troisième millénaire. Les traditions de corruption tous azimuts du makhzen marocain ont été transposées en Algérie et continuent de faire des dégâts considérables à l'économie nationale. Même Angela Merkel vient de se séparer d'une ministre et amie, accusée seulement de plagiat. Chez nous, les grands prédateurs se la coulent douce. A quand ressemblerons-nous quelque peu à l'Allemagne en matière d'éthique et de morale ? Il n'est pas interdit de rêver. Le silence du pouvoir s'apparente à du mépris pour les citoyens auxquels il a l'air de dire que les chiens aboient, les voleurs passent.