Le TRB a présenté sa dernière création qui traite de l'insurrection populaire de 1871 contre le colonialisme et à son héros éponyme Cheikh Aheddad. Ecrite par Mohand Aït Ighil et mise en scène par Omar Fetmouche, la pièce raconte l'épopée de ce soulèvement populaire venu juste après l'épisode, non moins épique, celui de Fathma N'Soummer. En toile de fond, la mise en relief des personnages historiques, notamment ses enfants Laâziz et M'hand, El Mokrani ou encore Boumezrag, dont l'apport a été non seulement décisif, mais a permis aussi à Cheikh Aheddad de marquer l'une des grandes pages du mouvement de reconquête de la souveraineté nationale. Une pièce aux allures d'un livre d'histoire, qui a la particularité d'éclairer le rôle de chacun, en associant dans une partition, au relent pédagogique au demeurant, les animateurs idéologiques, le Cheikh et ses khwans (les compagnons), les combattants, ses enfants et Cheikh El Mokrani, complètement investis dans la lutte armée. Cheikh Aheddad, âgé alors de plus de 80 ans, n'avait pas les capacités physiques pour prendre les armes, mais faisait preuve d'une fougue juvénile dans la sensibilisation et la mobilisation des masses pour aller au combat. Jouissant d'une aura rare, notamment depuis son investiture comme Moqadem puis Khalif de la Tariqa Er rahmania, il a mis fin à d'innombrables conflits tribaux, ce qui a contribué à renforcer le combat contre l'occupant. S'appuyant sur un texte riche et fluide et une mise en scène des plus chatoyantes, la pièce a ému, d'autant que son déroulement a privilégié l'aspect tragique et dramatique du contexte historique plutôt que celui du divertissement. Malgré les tableaux chorégraphiques, exécutés par un ballet de danseurs au métier avéré, reproduisant des scènes de lutte, et le chœur des femmes louant les combattants, dont l'introduction était censée en alléger le poids, la chronique a été, par cette approche, un tantinet lourde. «Le contexte historique a imposé la situation théâtrale», se défend Omar Fetmouche, visiblement prisonnier dans la scénographie de l'auteur. Pour autant, la pièce a séduit par le jeu des acteurs très relevé.