L'artiste peintre Nourreddine Chegrane reinvestit la scène artistique picturale avec des supports grandeur nature dans la toute nouvelle galerie d'art Asselah Hocine à Alger. Nourreddine Chegrane, cet artiste doué au sens de la répartie et aux soucis du détail, invite plus d'un à découvrir son imposante exposition de peinture. Intitulée «Lumière», cette exposition comporte une série d'une trentaine d'œuvres, réalisées dans la période 2001-2013. Fidèle à son style et à sa thématique, le plasticien, qui n'est autre qu'un disciple de l'une des figures de proue de la peinture algérienne, Issiakhem, livre un beau projet plastique. Ce dernier va, en fait, dans la continuité de sa quête, qu'il accomplit depuis de nombreuses années à travers le signe ou «aouchem». Nourreddine Chegrane explique d'emblée que chaque œuvre picturale se doit d'être rehaussée de lumière. Même dans le graphisme, cela donne une certaine profondeur à l'œuvre. Cette collection colorée se décline sous la forme d'un parcours initiatique où le regard est incontestablement interpellé par les signes, les silhouettes et les couleurs. En effet, qu'elles soient seules ou accompagnées, les silhouettes de Nourreddine Chegrane ploient dans un espace, regorgeant, entre autres, de signes, de soleil, de colombes, de lauriers. Ces silhouettes qu'on devine en filigrane dévoilent une redondance de corps de femmes filiformes, d'enfants et de couples. «Je suis, dit-il, un amoureux de la paix, même si j'ai un message de contestation qui se fait dans un graphisme agréable, aidé en cela par l'utilisation de différentes couleurs, de l'acrylique et de la peinture sur toile.» Le grand format reste, incontestablement, le moyen de s'exprimer en toute aisance, contrairement au petit format où la précision et la complication sont de mise. La gestuelle est, justement, importante afin que l'élan, qui est le geste, justifie l'action par la peinture. En outre, le grand format joue un rôle dans la perception et la vision du public. L'artiste révèle qu'il s'est donné à cœur joie. «C'est important de montrer le signe. Je l'exploite également dans le noir et blanc, et ce, dans différentes techniques.» La plupart des œuvres, qui sont tantôt détentrices d'un titre tantôt anonymes, sont à fond abstrait très coloré. L'artiste intervient avec le signe pour revendiquer une identité. L'autre élément important dans cette peinture est la lettre berbère, représentée à travers le tifinagh. L'artiste s'identifie à cette mouvance. Ce graphisme est présent pour diversifier un peu ses œuvres du déjà-vu. «C'est une identité que l'on remarque ailleurs, dans le monde. Tout en étant national, il faut s'ouvrir à l'art universel. Le tifinagh est un support identitaire, c'est ce qui fait ma personnalité. Je revendique cette culture berbéro-africaine dans ma peinture», dit-il. Dans une des œuvres exposées, réalisée en 2009, on retrouve un tissu, plus précisément le jean traité. Un matériau intemporel qui donne une belle teneur quand il est peint. Certains de ses tableaux se caractérisent par un excès de superpositions de couches de peinture à l'huile avec des pinceaux ou encore avec des couteaux. Une technique qui permet de donner plus de relief et de contenance à l'œuvre. A la question de savoir si l'artiste compte écouler la présente collection, il avoue qu'il ne veut pas les vendre pour l'instant, et ce, en prévision d'une prochaine exposition au niveau de l'Institut culturel français à Alger. «L'idéal serait de vendre uniquement une seule œuvre. L'essentiel pour moi est que cette exposition soit vue dans d'autres endroits. La vente passe au second plan. L'essentiel est de s'investir et de faire son travail. Le côté lucratif n'a pas d'importance», argue-t-il. Pour découvrir cette belle exposition de peinture, il suffit de faire un petit saut du côté de la galerie Asselah Hocine, et ce, avant le 28 février 2013.