Phénomène n Le commerce informel a toujours été présent dans la vie des Algériens, mais il ne cesse de s'amplifier, notamment à la veille des fêtes. L'Aïd est justement l'une des occasions où le commerce parallèle prolifère de manière fulgurante. Les jeunes consommateurs sont généralement attirés par les jeans, les débardeurs et les chaussures de sport. Quant aux prix, ils demeurent très élevés pour certaines marques ; ce sont celles-là que les jeunes préfèrent. Ces vêtements sont classés par choix. Pour une paire de baskets de premier choix, il faut compter entre 6 000 et 15 000 DA. Certains jeunes ne se privent pas et s'offrent ce genre de produit coûteux. Malgré les prix inabordables, les jeunes trouvent toujours une parade pour acquérir les vêtements qu'ils désirent à moindre coût, souvent à travers le marché noir. Des effets vestimentaires dont le prix unitaire est égal voire supérieur au salaire d'un père de famille, cela n'a rien de surprenant. «Le luxe, ça se paye», affirme Hakim, qui préfère en ce qui le concerne vendre des T-shirts pour 450 DA au marché Dlala de Bab El-Oued. Dans ce marché informel, on trouve toutes sortes d'articles. Le prêt-à-porter y tient une grande place. Des jeunes se baissent pour toucher ou pour examiner un pantalon, une chemise ou une paire de chaussures étalés à même le sol. Leurs prix attractifs tentent beaucoup de monde. Quelle que soit la rue où l'on se trouve, les vendeurs à la sauvette ont envahi les trottoirs et les entrées d'immeubles de la capitale. «Même les devantures de magasins ne sont pas épargnées», crie, furieux, un vendeur dans un magasin. A certains endroits, le commerce informel côtoie le légal, au su et au vu de tout le monde. Il n'est pas rare de voir des vêtements étalés à même le sol du trottoir, juste devant un magasin de prêt-à-porter. A Bab El-Oued, la grande entrée d'un bâtiment officiel fait figure de vitrine où des dizaines d'ensembles pour enfants sont suspendus. Un peu plus loin, trois jeunes se partagent l'entrée d'un immeuble. Femmes et enfants s'arrêtent devant ces étals pour dénicher le bon produit au bon prix. «La différence avec les boutiques c'est que tous les prix sont négociables», déclare un jeune vendeur à la sauvette. Si on sait s'y prendre on peut avoir jusqu'à 50% de réduction, d'après des habitués. Des jeunes affirment avoir toujours eu recours au marché informel «On y fait de bonnes affaires», arguent-ils. Dans une entrée d'immeuble, rue Larbi-Ben-Mhidi, des vêtements pour femmes sont accrochés, d'autres empilés les uns sur les autres. Le jeune vendeur à qui appartient la marchandise dit ne pas avoir d'autre possibilité pour gagner de l'argent «J'ai un diplôme en économie et je n'ai pas trouvé de travail», dit-il. Considéré comme une alternative ou une échappatoire pour les uns comme pour les autres, le commerce informel a encore de beaux jours devant lui.