Les pouvoirs publics n'ont de cesse d'annoncer, à chaque occasion, que la politique d'éradication des aires commerciales illicites, notamment dans les zones urbaines se poursuit. Leur souci est de récupérer les petits vendeurs qui activent dans l'informel pour leur offrir des sites leur permettant d'exercer dans un cadre réglementaire. Ainsi, selon le responsable de l'organisation des marchés et de la concurrence à la direction du commerce de la wilaya d'Alger, Salah Bougaga, «plus d'une centaine de marchés informels ont été éradiqués jusqu'à janvier dernier». Soit près de 4500 commerçants, dont 25% ont bénéficié de locaux commerciaux dans des marchés réguliers, poursuit-il. Mais ce qui reste pour le moins bizarre, c'est que le nombre de marchés informels à Alger a «considérablement augmenté après janvier 2011, atteignant le nombre de 173 contre 52 marchés fin 2010», tient-il à indiquer. A croire que plus on s'attaque au marché informel, plus ce dernier prolifère. Plus on libère la voie publique, plus elle est reconquise et ce, en dépit de la réalisation des marchés de proximité couverts dont nombre d'entre eux, faut-il souligner, sont désertés sous le prétexte, disent les bénéficiaires, que ces structures sont implantées dans des sites inappropriés. En sus de la concurrence déloyale et l'anarchie que génère le squat de la voie publique, devenue par endroits passage piétonnier, les petits revendeurs préfèrent racoler le chaland extra-muros du marché sans bourse délier, imposant leur diktat et bombant le torse. Il ne s'agit guère de marchands ambulants ou occasionnels, comme d'aucuns voudraient le faire croire, mais des commerçants ayant bel et bien abandonné le carreau de certains marchés couverts pour occuper le trottoir et la chaussée. Une virée le long de la rue Abderrahmane Arbadji (Casbah) nous édifie sur le nombre d'étals de fruits et légumes ayant pignon sur rue. Plus bas, le long de la rue Ahmed Bouzrina (ex-La Lyre), c'est la pagaille. Après les avoir reversés dans un cadre légal, précisément dans le marché couvert de Zoudj Aâyoun, réalisé il y a 5 ans à cet effet, les petits squatters ont reconquis les lieux. Une opération coup-de-poing a été enclenchée ces derniers jours pour libérer les lieux. Quant aux abords du marché dit des Trois horloges, sis à Bab El Oued, ils débordent de toutes parts. Et gare au quidam qui ose leur faire une remarque pour se frayer un chemin. Les riverains, qui se plaignent de la congestion des passages pour rallier leur chez-soi et du charivari causé autour des pâtés d'immeubles, peuvent encore prendre leur mal en patience.