En ces temps hivernaux, où la froidure arrive à glacer le sang même des plus coriaces, il ne fait pas bon vivre pour les sans-logis. Ces derniers se retrouvent à la merci de la rue. Une rue à la fois glaciale et sans cœur, synonyme de «mouroir» pour ces laissés-pour-compte. Tel est le lot de ces nombreux infortunés de la vie qui se retrouvent ainsi livrés à la «jungle urbaine», traqués par la faim, la fatigue et le froid. Mais, fort heureusement, il existe encore, au nez de cette Algérie officielle, de moins en moins humaine, une bande de joyeux drilles, chevronnés, qui croient encore au mot «solidarité». C'est le cas du groupe «Ness El Kheir», constitué de centaines de membres bénévoles à travers tout le pays. A Oran, les membres de ce groupe effectuent quasi quotidiennement des virées nocturnes, allant dans tous les recoins de la ville, susceptibles d'abriter les sans-domicile-fixe. Qu'il s'agisse de la place Tahtaha (Mdin-Jdida), la Kesba, le centre-ville ou encore près de la pêcherie d'Oran, les membres de «Ness El Kheir» activent là où les sans-abris ont coutume de dormir. Depuis le mois de novembre, l'opération «repas chauds pour SDF» a été lancée par ce groupe, et cela, avec plus ou moins de succès : une moyenne de 100 repas chauds est distribuée chaque nuit, apportant à ces infortunés, en plus de la nourriture, un peu de chaleur humaine. Ceci dit, Mohamed, un des membres de ce groupe, nous expliquera : «Il n'est pas dit qu'il n'existe pas d'autres sans-logis qui se trouveraient dans des endroits qui nous sont inconnus !». Ils sont en tout une vingtaine de membres actifs du groupe «Ness El Kheir» d'Oran, épaulés par une centaine de bénévoles. Des appels de dons sont coutumièrement lancés via la page Facebook, mais ces appels, nous précise-t-on, ne concernent pas seulement la nourriture. «Par ces temps de grands froids, on a grandement besoin de couvertures et d'habits chauds.»