En douze ans d'existence, la formule du filet social n'aura pas réussi à faire face aux aléas des bouleversements socio-économiques. Une situation qui ne semble guère coller à la réalité actuelle et qui a fait l'objet d'un rapport au goût pimenté, présenté récemment par la commission de wilaya des affaires sociales. Selon ladite commission, de nombreuses défaillances continuent d'entraver les objectifs d'une démarche qui avait pourtant pour première mission d'assister les couches les plus vulnérables de la société. Parmi les points soulignés « en gras » dans le rapport, on distingue essentiellement celui qui a trait à la rémunération du filet social considérée par certains comme une simple « indemnité de pauvreté » et qui demeure de loin nettement inférieure au salaire minimum garanti, lequel a connu trois bonds en l'espace de quelques années, au moment où les indemnisations proposées par le filet social ne dépasseraient pas 4000 DA dans le meilleur des cas. La commission qui a par ailleurs critiqué sévèrement les critères d'éligibilité ne ménagera pas les assemblées communales auxquelles incombent une grande part de responsabilité dans les énormes retards enregistrés lors de l'acheminement des dossiers des concernés vers la direction de l'action sociale pour validation. Une négligence qui finira par pénaliser les éventuels bénéficiaires. Le laxisme des services des municipalités ne s'arrêtera pas là puisqu'il touchera dans une seconde phase les listes des bénéficiaires non remises à temps à la caisse des assurances sociales, outre le fait constaté que cette catégorie de travailleurs n'aura pas toujours droit aux congés de maladie ni aux congés annuels de détente. Pour le directeur de l'action sociale, qui a tenu à défendre les choix de sa tutelle, la formule du filet social aura permis d'assurer une aide aux personnes âgées sans famille et sans revenus mais aussi aux personnes handicapées et à leur famille ainsi qu'aux femmes veuves sans tuteur. Selon les chiffres de la direction de l'action sociale, 20 000 personnes bénéficient à Constantine du système du filet social, ce qui signifie des dépenses estimées à 500 millions de dinars par année. Une partie de ce montant a été allouée à 4981 personnes pour la mise en œuvre de projets d'utilité publique, notamment pour des travaux d'assainissement du milieu urbain, d'intervention sur les immeubles et d'entretien des espaces verts. Si le côté rémunération est appelé à être révisé pour rejoindre un niveau minimum de survie, le point noir de toute l'opération demeure les défaillances d'encadrement au niveau des services des différentes municipalités demeurant les plus grands recruteurs de ces jeunes chômeurs qui, à défaut d'une embauche bien rémunérée continuent d'exercer des travaux pour des chimères.