Dédié en hommage posthume à Nadia Bahia Ghassoul, enseignante à la faculté des lettres, langues et arts, le roman, L'appartement K, de son auteur, Abdelkader Guellal, professeur à la même faculté, est plutôt un poème déguisé en récit, du fait qu'il témoigne d'une belle gourmandise que ferait une histoire d'amour. Présenté comme cela, le texte de Abdelkader Guellal, qui ressemble à un conte moderne, peut se passer aisément d'étiquette, tant il sait nous entraîner dans son délire serein et nous faire partager la découverte et le désir de la sémillante Selma. «Qu'importent au fond ces catégorisations. Il suffit de savoir qu'une femme et un homme se rencontrent pour la première fois.» Dans cet entre-deux, la chair et l'esprit tiennent, à l'évidence, une place importante. Mais il y a aussi les livres, véritables personnages secondaires, qui viennent nourrir, ou même se nourrir, de cette relation. Il y a Oran, dans ses lumières et ses poussières, cité généreuse mais imprévue, déployée par l'auteur dans l'interstice des rencontres entre le narrateur et son amante. Il y a enfin cet «Appartement K» qui donne son titre au roman. Abdelkader Guellal nous offre là un roman attachant, différent aussi, où l'amour, comme trop souvent dans la littérature algérienne, n'est pas le fil conducteur d'autre chose, un vague prétexte à des démonstrations contextuelles ou bien le symbole, plus ou moins direct, de domaines extérieurs. Il est, ici, le cœur et l'aboutissement du récit, son fondement et sa projection. Et, plus que tout, on se laisse prendre dans le foisonnement des sens et des couleurs qui donnent à L'appartement K toutes les caractéristiques d'une bonne adresse, où résideraient, en colocataires mutuellement serviables, l'imaginaire, la liberté de ton, la sensibilité et le goût des mots. Rappelons que Abdelkader Guellal est déjà auteur de trois ouvrages qui sont La deuxième mort de Houria, Mourir pour vivre et Ma destinée était écrite quelque part. Originaire de la ville de Tighennif (ex-Palikao), Mascara, Abdelkader Ghellal est un chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran. Romancier, poète, mais aussi lecteur et critique des romans de Mohamed Yasmina Khadra, Abdelkader Ghellal s'intéresse à cette mouvance de littérature algérienne, dite en chantier et qui déroge aux lois du romanesque traditionnel.