Linguiste et professeur à l'université d'Alger, Khaoula Taleb-Ibrahimi s'est distinguée, dans sa communication, par un verbe tranchant et franc. Le référant à l'ouvrage Faut-il fermer l'Université ? et à la sentence du défunt Mohamed Boudiaf, « L'Ecole algérienne est sinistrée », la conférencière est allée jusqu'à s'interroger : « Y a-t-il encore une Université ? » Ainsi, pour le professeur, le constat est plus effarant aujourd'hui que par le passé. Pour corroborer cet état de fait, Mme Khaoula a avancé deux indicateurs sur « l'anormalité » de la situation de l'université algérienne. Il s'agit du lieu physique et de la gestion du temps. Pour le premier élément, l'oratrice fera remarquer, à titre d'exemple, que les parkings des campus universitaires sont squattés par des extras. « Pour parquer sa voiture à la Fac centrale, l'enseignant doit attendre que des voitures pour des personnes étrangères quittent le parc », illustre Mme Khaoula. Sur le même registre, la conférencière souligne que les franchises universitaires sont violées et que des actes d'agression sont enregistrés à l'intérieur même des campus. S'agissant de l'anomalie de la gestion du temps, la linguiste indique que les inscriptions des bacheliers durent parfois jusqu'au mois de janvier. Pour la fin de l'année, ajoute-t-elle, les cours peuvent se poursuivre jusqu'au 20 ou 30 juillet, et même au mois d'août. Dans le même volet, la reprise des cours après les vacances reste otage du retour des étudiants qui sont, eux aussi, exposés aux aléas des moyens du transport. En guise d'explication à cette « anormalité », Mme Khaoula cite la prédominance de l'administratif sur le pédagogique qui se répercute, notamment, sur les inscriptions et les orientations des étudiants. « On assiste même à des dérogations pour s'inscrire dans des filières qui ne correspondent pas au profil du bachelier », cite l'oratrice, qui ajoute que des dérogations sont, aussi, établies pour soutenir des thèses non conformes à la filière enseignée. Dans ce tableau noir, continue-t-elle, des enseignants se trouvent, durant la même semaine, contraints d'assurer des cours à Bouzaréah, Blida et Tizi Ouzou. Suite à ces exemples concrets et éloquents, Mme Khaoula lance : « L'Université a été pervertie. » En guise de remède, le professeur juge primordiale l'application des normes universelles de gestion et l'attribution à l'Université une autonomie des choix.