L'intitulé même de ce deuxième forum, qu'a organisé le quotidien El Watan, suggère que l'Université algérienne prend l'eau de toutes parts. Et ce ne sont pas les quatre intervenants, tous professeurs de cette même université, au terme de leurs contributions, qui ont proposé le moindre canot de sauvetage comme si, au moment de sombrer, il n'y avait plus de commandant de bord. Il ne resterait donc que des passagers pris de panique et qui ne font que constater les dégâts : université abandonnée, surchargée, qui n'existe même plus physiquement, diplômes de complaisance, primauté de l'administratif et du politique sur le pédagogique, étudiants quintuplant réintégrés, doyens désignés et non élus, réformes n'aboutissant jamais, nivellement par le bas… Ce jeudi à l'hôtel Mercure d'Alger, pour soulager l'Université algérienne de la longue liste des maux dont elle souffre, aucun remède n'a été prescrit. Pourtant, étaient appelés au chevet du malade une linguiste (Khaoula Taleb-Ibrahimi), des sociologues (Aïssa Kadri et Mohamed Ghalamallah) et même un ancien ministre de l'enseignement supérieur, professeur de médecine de surcroît (Abdesselam Ali-Rachedi) qui aura “levé un secret d'Etat : le taux de réussite au bac est fixé en conseil de gouvernement !” Ceux-là donc ont dressé un constat. Un constat amer mais qui n'est ignoré de personne, surtout pas des tenants de la décision politique que les intervenants n'ont pas manqué d'égratigner, chacun à sa manière. À l'image de Khaoula Taleb-Ibrahimi, qui a conclu son intervention par cette petite phrase : “La gestion de l'université ne doit pas revenir aux appareils politiques même doués de la plus grande intelligence. Si tant est que les appareils politiques ont une intelligence. Du moins les nôtres !” Même si l'interrogation n'a pas trouvé de réponse, cela n'a pas été du goût du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) qui regrette, par la voix de Farid Cherbal, coordinateur national adjoint, que l'on n'ait pas fait mention du “combat mené depuis plus de dix ans par le Cnes”. SAMIR BENMALEK