Aussitôt dans les bacs, aussitôt épuisé. Le meilleur du cru Inayen n'a donc pris aucune ride. Un premier jet du dernier album, Aka Kan, distribué à Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira et Alger, est vite parti en dépit de la concurrence, quasi sans relâche, des sorties de produits spécialisés dans le déhanchement. Dans son dernier album, Inayen nous propose des reprises de ses meilleurs tubes qui ont fait les folles années des inénarrables émissions cultes Rock Dialna, Qabsa Chema et Bled Music. Mais Nacer Aftis, alias Inayen, ne veut pas se contenter de replonger dans le souvenir de ses fans des années 1980, il veut aussi conquérir un public plus jeune. A côté de ses anciens titres, il propose de nouvelles chansons travaillées sur un autre tempo, sur des sonorités plus actuelles. Aka Kan, pour dire que, même dans les nouvelles chansons, Nacer signe et persiste toutefois dans le même style, celui qui l'a hissé dans les premières loges des hits parades des années 1980 et que les Aziz Smati, Mohamed Ali Allalou et Hakim Laroussi montaient en vrais pros. Le «best of» repropose Dela, resté en tête des hit parades 10 semaines en 1986, et dans le même classement Fkankem, se hissant à la troisième place derrière le tube de Mami, Ma Andi Hadja Fenass. Il met au goût salsa deux autres anciens tubes Takhatemt et Andalats. Tandis que le nouveau tube S'high Imaniw est enjolivé de rythme chaâbi au mode zidane. C'est une complainte qui prend sa source dans la bohème de son auteur. Une pointe de déhanchement est enfin proposée dans Gouraya, une ballade invoquant la sainte patronne de Béjaïa dans la réalisation de l'amour idyllique. Toujours dans le thème de l'amour difficile, deux chansons inédites, Ray n'vavam et Adane Oussène. Les thématiques ne sont pas toutefois arrêtées, elles vont de la chanson engagée Inayen ou Lahwa n'tuber au drame social avec Tighri, l'appel d'un handicapé visuel. Voilà donc un album qui nous replonge dans les fabuleux eighties des T34, Inasliyen, Polyphène, Raïna Raï et nous dit en même temps que le lien avec ce qui se fait aujourd'hui est possible. En tout cas, Inayen a su remettre au goût du jour son cocktail de reggae, folk et free jazz. Avec des arrangements signés Boualem Bouzouzou et Bazou.